Dans cet épisode nous finissons le règne d’un roi puis traitons celui de son fils !

Classer les rois de France siècle par siècle, personne n’y avait pensé, et nous le faisons dans Super Joute Royale, le nouveau format de Passion Médiévistes. Dans l’épisode d’introduction, nous avons présenté le concept et discuté autour du concept de roi au Moyen Âge, et dans les précédents épisodes nous avons parlé des rois du VIème siècle au XIIIème siècle. Vous pouvez d’ailleurs retrouver le classement total des rois sur notre site.

Dans ce nouvel épisode, Fanny, Guillaume, Albert et Clara vous parlent des rois du début du XVème siècle, en tout cas pour les 60 premières années !

Le contexte historique du début du XVème siècle

Dans cette première moitié du XVème siècle, la monarchie française est en danger, à deux doigts d’être conquise par les Anglais ou morcelée entre les grands princes du royaume. En effet, dans le cadre de la reprise de la guerre de Cent Ans, la folie de Charles VI rend la monarchie instable. C’est aussi la crise dans l’Église, toujours en plein grand schisme avec un pape à Avignon et un à Rome, la chrétienté est divisée.

Dans cette époque où les modèles de la royauté et de l’Eglise sont en crise, on voit aussi l’émergence de revendications par des modèles alternatifs de démocratie médiévale. Mais il y aura une reprise en main du pouvoir autour des années 1440-1450, et à l’issue de ce demi siècle, la monarchie va survivre par la force des institutions et des circonstances (avec une mort de roi anglais bien opportune) !

On est dans la phase finale du Moyen Âge, Infinity War partie 1 ! (Albert)

Les rois du XVème siècle (1ère partie)

Charles VI (2ème partie), le « miskin »

Dans l’épisode précédent nous avions traité de la première partie du règne de Charles VI, dit « le fou ». Né en 1368, il règne à partir de 1380, son début de règne était marqué ses premières crises de folie et par de nombreux problèmes politiques.

Au début du XVème siècle, Charles VI va déléguer le pouvoir à son frère Charles d’Orléans et à ses oncles, notamment le duc de Bourgogne. Une rivalité entre deux pouvoirs se met en place, entre les Orléanistes et les Bourguignons. Cette opposition va déboucher sur le début d’une guerre civile entre les deux partis, Armagnacs et Bourguignons, que les jouteurs et jouteuses détaillent dans l’épisode.

Les crises de folie de Charles VI se renforcent, il est de plus en plus prisonnier de lui même, et jusqu’à la fin de son règne il ne peut plus exercer son pouvoir royal, même s’il est toujours roi par le sang. Car tout le système politique est encore construit autour de la figure royale. Des ordonnances de régence sont promues, permettant de renforcer le pouvoir de l’héritier en cas de décès prématuré du roi.

Parmi les événements marquants de la deuxième partie du règne de Charles VI, on peut noter en 1415 le désastre de la bataille d’Azincourt, toujours dans le cadre de la guerre de Cent Ans. C’est une grande déception pour la France, avec notamment la capture par les Anglais du duc d’Orléans leader du parti d’Armagnac, une terrible défaite et hécatombe de la noblesse française, car une très grande proportion des héritiers des familles nobles meurent, beaucoup d’hommes qui font le pouvoir, l’armée et le soutien politique.

C’est aussi la fin de la 1ère partie du conflit entre Armagnacs et Bourguignons, avec l’assassinat de Jean Sans Peur, duc de Bourgogne par des hommes envoyés par le futur Charles VII. C’est dans ce contexte qu’on arrive au traité de Troyes, auquel j’ai consacré un hors-série, et qui fait que pendant quelques temps, le roi d’Angleterre est aussi le roi de France. Mais rebondissement, le roi d’Angleterre qui avait tout réussi meurt prématurément, laissant un bébé de 9 mois comme roi grâce au traité de Troyes. Charles VI finit par mourir de maladie et de vieillesse, fatigué après un règne compliqué

Charles VII, « l’opportuniste »

Né en 1403, Charles VII règne plus ou moins à partir de ses 18 ans, mais il a eu en fait des difficultés à récupérer son trône à cause du traité de Troyes. Il doute aussi beaucoup de sa légitimité, et même si le 30 octobre 1422, il se proclame roi à Bourges, il ne peut pas aller à Reims pour son sacre, or le sacre est très important symboliquement à l’époque. Mais selon Guillaume, Charles VII a eu une position politique très compliquée à tenir, et sa femme Marie d’Anjou va le conseiller pour nouer des alliances politiques plus ou moins solides. Le début de son règne est marqué par ses difficultés à prendre des décisions et saisir des opportunités.

En 1424, la défaite de Verneuil, même si elle n’est pas très grave militairement, montre la faiblesse symbolique du roi face aux autres grandes puissances du royaume. Puis entre 1424 et 1429, la situation militaire se dégrade (il se brouille avec son connétable), les Anglais prennent Orléans et verrouillent la Loire en 1428. C’est dans ce contexte qu’arrive Jeanne d’Arc (on a parlé de l’histoire de cette femme dans l’épisode 39), « le moment où Charles VII devient iconique » selon Clara. Le roi réussit à se faire sacrer à Reims le 17 juillet 1429, mais il finit par abandonner Jeanne d’Arc aux Anglais l’année d’après.

Au cours de son règne, Charles VII va promulguer les premières ordonnances pour organiser l’armée, celle Orléans en 1439 puis une autre en 1445. C’est la première fois que le roi de France a une armée permanente, il n’a plus forcément besoin de lever l’ost (parce qu’en plus beaucoup de gens sont déjà morts), remettant ainsi en cause 1000 ans de tradition d’une noblesse qui se définit comme combattante. En 1443, Charles VII « se découvre une deuxième jeunesse » en rencontrant Agnès Sorel, menant une petite idylle et trois filles « bâtardes » qui seront légitimées.

A partir de 1445, une série de victoires contre les Anglais améliorent la situation, et en 1450 Charles VII arrive à reprendre toute la Normandie et Bordeaux en 1453, résolvant le problème avec la Guyenne, et peu après la Guerre de Cent ans est finie. Mais à la fin de son règne, Charles VII s’embrouille toujours plus avec son fils Louis, qui a déjà mené des actions contre lui précédemment.

Pour découvrir le classement final de ces deux rois rendez-vous sur cette page bilan, attention aux spoils !

Pour en savoir plus sur le sujet de l’épisode, on vous conseille de lire :

• GUYOTJEANNIN, Olivier (dir.) ; MATTÉONI, Olivier (dir.). Jean de Berry et l’écrit : Les pratiques documentaires d’un fils de roi de France. Nouvelle édition [en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 2019 (généré le 08 février 2023). (disponible sur Internet
• Jean-Louis Biget (dir.), Boris Bove, Le temps de la Guerre de Cent ans (1328-1453), Belin, 2009
• BEAUNE Colette, Jeanne d’Arc, Perrin Tempus, 2009
• Christine de Pizan, Ditié de Jeanne d’Arc, 1429
• SABLON DU CORAIL Amable, La guerre de Cent Ans : Apprendre à vaincre, Passés Composés, 2022

Si cet épisode vous a intéressé vous pouvez aussi écouter :

• Épisode 7 – Guillaume et les tournois de chevalerie
• Épisode 12 – Clara et l’évêque Germain
• Super Joute Royale Hors-Série #1 – Rois et reines de fiction (live à Paris)
• Épisode 35 – Albert et les femmes dans les fabliaux
• Épisode 29 – Christophe et les compagnons de Jeanne d’Arc
• Épisode 39 – Floryan, le médiévalisme et Jeanne d’Arc
• Hors-série 12 – Le traité de Troyes de 1420

Merci beaucoup à Simon Vandendyck pour son très beau générique pour Super Joute Royale ! Saurez-vous reconnaître tous les extraits de ce générique ?