Clichés sur le Moyen ÂgePassion Médiévistes

Clichés #8 – Est-ce qu’on torturait au Moyen Âge ?

Découvrez dans cet épisode que oui la torture existait au Moyen Âge, mais pas comme vous l’imaginez !

Dans les épisodes du podcast Passion Médiévistes, on évoque souvent plein de clichés sur le Moyen Âge. Mais dans cette série de courts épisodes, je vous propose des focus sur certaines idées reçues précises, avec à la plume et au micro des membres du collectif d’historien.ne.s Actuel Moyen Âge. Dans cet épisode, Florian Besson vous parle de la torture au Moyen Âge.

 Valère Maxime, Dits et faits mémorables, traduction française de Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse
Valère Maxime, Dits et faits mémorables, traduction française de Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse, Bibliothèque nationale de France. Bibliothèque de l’Arsenal. Ms-5196 réserve, folio 338v

Quel film sur le Moyen Âge n’a pas sa scène de torture ? Dans un cachot éclairé par des braseros, un bourreau, parfois un moine, se penche sur le corps le plus souvent dénudé d’une femme pour lui infliger les pires sévices… Sur un mode plus humoristique, on pourrait convoquer cet épisode de Kaamelott dans lequel Vénec essaye de vendre des instruments de torture à un roi Arthur peu convaincu.

Bien sûr, la torture existe au Moyen Âge. Ou plutôt la question, le terme torture n’apparaissant qu’au XVe siècle. Comme le montre la médiéviste Faustine Harang qui a consacré sa thèse à ce sujet, la question occupe une place importante dans le dispositif juridique : on applique la question aux suspects pour obtenir des aveux.

Mais en réalité, cette torture légale est peu employée. On ne torture que dans les cas les plus graves, comme le meurtre, seulement en dernier recours, après de longs interrogatoires. Les femmes, les enfants, les clercs en sont exemptés. La pratique même de la torture est strictement encadrée : on prévient le suspect, on lui laisse plein de possibilités pour avouer, et ce n’est que s’il refuse qu’on lui applique la question, sous surveillance de plusieurs juges. On ne peut torturer un suspect que trois fois, quatre grand maximum, avec des pauses entre chaque séance. On ne fait pas ce qu’on veut : on n’utilise que deux ou trois types de torture. Vous pouvez oublier les pincettes, les vierges de fer et autres horribles instruments métalliques qu’on voit partout sur internet : la quasi-totalité sont des inventions du XIXe siècle…

Bref, la torture est surveillée, encadrée, contrôlée. Dans tous les cas, un aveu obtenu sous la torture n’est légal que s’il est répété sans souffrance. Et on ne rigole pas avec ces normes : les juges trop sévères sont punis, voire renvoyés !

Alors oui, on torture bien les suspects au Moyen Âge, mais les images qu’on a en tête ne correspondent pas du tout à la réalité de cette pratique.

 

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