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Jeux vidéo et Moyen Âge #3 – Les Sims Medieval

Quelles sont les réalités historiques derrière le jeu vidéo Les Sims Medieval ?

Jaquette du jeu Les Sims Medieval
Jaquette du jeu Les Sims Medieval

Dans ce troisième épisode du format Jeux vidéo & Moyen Âge, Fanny Cohen Moreau et Albert Leparc vous proposent de parler d’un jeu très différent de ceux traités dans les précédents épisodes : Les Sims Medieval ! Car oui, vous avez sûrement entendu parler des Sims, ce jeu qui permet de faire la maison de ses rêves et de gérer ses Sims ! Mais oui, il y a bien eu une version médiévale, enfin presque !

Sorti en 2011, Les Sims Medieval est un des nombreux spin-off de la série Les Sims, série de jeux de “simulation de vie” (avec des guillemets) au succès planétaire depuis sa première mouture en 2000. Cependant, à la différence de la multitude de jeux dérivés de cette license juteuse, les Sims Medieval a été développé directement par le studio Maxis, responsable des jeux principaux de la série, en se basant sur le 3e opus de la série sorti en 2008, et a bénéficié d’un gros support marketing de la part de l’éditeur, Electronics Arts.

Un jeu parodique comme un fabliau

Le « monde médiéval réaliste » est surtout ici pour être tourné dérision : des attaques de chinchillas, des tournois de « royalball » viennent bousculer l’image que se fait le public du Moyen Âge. La musique ancre le jeu dans une ambiance plus « fantasy », même si les chansons jouées par les troubadours se rapprochent du style des chansons médiévales du XIIe. Le monde des Sims Medieval n’est donc pas très cohérent esthétiquement, mélangeant les styles et clichés de diverses époques selon la situation. L’humour est l’objectif principal de la mise en scène, aussi le jeu se rapproche beaucoup plus dans son esprit des fabliaux médiévaux que des romans de chevalerie dont il prend un malin plaisir à parodier les quêtes.

Les Sims et le Royaume

La cour dans les Sims Medieval
La cour dans les Sims Medieval

Contrairement à la formule classique des Sims, chacun de vos personnages a une occupation principale qui fonctionne comme une « classe » de jeu de rôle, et qui définit sa place dans le royaume. Si des professions pourtant majoritaires au Moyen Âge comme le paysan ne sont présentes qu’en arrière-plan, le joueur est libre d’alterner entre jouer une souveraine et un forgeron.

Ainsi, au lieu de jouer un ou plusieurs Sims avec de nombreux besoins et aspirations personnelles, la tâche la plus importante du joueur est surtout de veiller à ce que ses Sims accomplissent les leurs : un Sims médiéval ne se définit pas par son originalité et son destin personnel, mais plutôt par son rôle et ses devoirs envers son Dieu et le Royaume, chaque quête qu’il accomplit permet d’en améliorer ou altérer l’état global.

Outre le fait de changer l’approche du gameplay classique des Sims, cela fait écho aux travaux d’Aron-J. Gourevitch et plus récemment de Dominique Iogna-Prat, qui ont souligné à quel point l’individu est une notion étrangère à l’époque médiévale !

L’Observateur et la présence de la Religion

Le moine "Florian" dan les Sims Medieval
Le moine « Florian » dan les Sims Medieval

Le fait religieux est toujours abordé avec beaucoup de prudence dans les jeux au contexte médiévalisant. Dans les Sims Medieval, la religion – chrétienne car le contexte est occidental – est traitée de front en faisant du joueur ou de la joueuse le « dieu » des Sims. Même si les Sims ne sont pas obligés de prier ou de se rendre à la messe, tous auront à un moment ou un autre une interrogation personnelle sur leur foi, et cela peut nuire ou améliorer leur moral. Même si ce n’est pas une structure aussi fondamentale au fonctionnement de leur société, impossible de passer à coté de ce « besoin » !

Le clergé est présent sous deux aspects très caricaturaux : d’un côté, les « prêtres péteriens » ont une apparence très béate, bienveillante et monastique, et de l’autres, les « prêtres jacobans » incarnent une vision très dure, clinquante et terrifiante de de la religion catholique.

Un Moyen Âge de foire

Le jeu est de manière générale très prolifique, et offre la possibilité de toucher à beaucoup d’aspects quotidiens qu’on a peu l’habitude de voir dans les jeux vidéo « historiques ». Cependant il cède à beaucoup d’imprécisions : les Sims mangent du « gruau » et peuvent acheter des patates (introduites en Europe qu’au XVIe siècle), la médecine est représentée comme une véritable torture alors que la saignée était surtout employée après la Renaissance… Ces clichés ajoutent beaucoup d’humour au titre, mais contribuent à ancrer des idées reçues qui sont encore tenaces aux États-Unis, où les « medieval fair » reflètent bien ces mélanges d’inspirations, de genre et de données historiques dans un but festif.

Retrouvez Albert Leparc sur son compte Twitter et sa chaîne Twitch pour plus d’analyses historiques de jeux vidéo !

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Merci à Baptiste Mossiere (Winston) pour le montage de cet épisode et à Clément Nouguier pour la réalisation du générique !