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Épisode 23 – Guillaume et la guillotine pendant la Révolution (Passion Modernistes)

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Épisode 23 - Guillaume et la guillotine pendant la Révolution (Passion Modernistes)
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 Quelle est la (vraie) histoire de la guillotine ?

Portrait Guillaume Debat
Portrait de Guillaume Debat

Dans ce nouvel épisode de Passion Modernistes, l’invité Guillaume Debat vous parle de sa thèse qui porte sur « La machine à décapiter. Usages et représentations de la guillotine dans la France révolutionnaire (1789-1799) ». Il prépare actuellement cette thèse à l’université de Toulouse Jean Jaurès, sous la direction de Valérie Sottocasa.

La guillotine n’a quasiment pas été étudiée comme objet d’histoire dans sa globalité, la dernière grosse étude datant de 1987, par l’historien de l’art Daniel Aras. Dans sa thèse, Guillaume Debat veut étudier les réceptions de la guillotine pendant la Révolution et après. Il veut comprendre comment cet objet, vu positivement à sa création, comme une avancée technologique et humaniste, jusqu’à son image de symbole de mort et de Terreur. Il interroge aussi les rapports de force, dans un contexte révolutionnaire assez complexe.

Faire une histoire de la guillotine

Gravure de la guillotine en 1792, Arch. dép. du Maine-et-Loire, 1L946-1.
Gravure de la guillotine en 1792, Arch. dép. du Maine-et-Loire, 1L946-1.

Entre 1789 et 1792, date de la première exécution, les discours et discussions sur la peine capitale mettent au centre de leur propos le caractère humain et l’absence de douleur comme deux conditions sine qua non de la nouvelle miseàmort légale. La nécessité de rompre avec les pratiques d’Ancien Régime est clairement partagée par l’ensemble des législateurs. La guillotine est alors inventée dans ce contexte comme une avancée humaniste et égalitaire, pour rendre la mise à plus efficace pour tout le monde.

Mais avec le contexte de la Terreur, la guillotine change progressivement d’image. Analyser les mécanismes de la répression pendant la Révolution impose de pratiquer une démarche comparative pour comprendre pourquoi et comment des modes de mise à mort autres que la guillotine sont parfois préférés et ce qu’ils révèlent à son propos. Les absences de la machine à décapiter sont alors tout aussi éclairantes que sa présence. Comprendre les mécanismes qui font de la guillotine, initialement pensée comme «le supplice indolore des temps nouveaux, la mise à mort discrète d’une ère de transition», un symbole de la violence révolutionnaire impose d’étudier les émotions qui l’entourent.

Caractérisée dans le temps, l’usage de la guillotine doit également l’être dans l’espace. L’importance de la répression judiciaire, donc de l’utilisation et de la visibilité de la guillotine dans certaines régions (ainsi à Lyon, Bordeaux, Marseille ou dans l’Ouest), ou, au contraire, sa relative absence (à Toulouse ou dans le Massif central) participent différemment, dans ces espaces, des représentations autour de notre objet d’études.

Une histoire émotionnelle de la guillotine

Si l’histoire des émotions s’est intéressée à la Révolution française, elle ne s’est pas véritablement attardée sur la guillotine. Néanmoins, la formulation et la mise des scènes des émotions renseignent sur les représentations de la guillotine, informent sur son insertion dans les mentalités. Ces expressions émotionnelles, dans leur diversité, leurs contradictions et leur évolution dans le temps sont des sources pour approcher l’édification d’un symbole. Au cœur de ces représentations contradictoires, le sang joue un rôle central, qu’il soit un sang prompt à célébrer la République ou à discréditer durablement la guillotine et la Révolution.

Gillray James (Graveur) et Humphrey Hannah (Editeur), "Le bourreau", n°6, estampe, 1798, CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet.
Gillray James (Graveur) et Humphrey Hannah (Editeur), « Le bourreau », n°6, estampe, 1798, CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet.

Car elle est l’unique mode de mise à mort et car elle sanglante, la machine à décapiter généralise la vue du sang parmi les foules assistant aux exécutions. Ce sang nourrit des émotions contradictoires parmi les acteurs de la Révolution, particulièrement une : la peur, chez les autorités publiques. L’on retrouve régulièrement, sous leur plume, la crainte de voir la foule devenir féroce à la vue du sang versé. Cette peur est une peur sociale, celle d’un groupe, la bourgeoisie provinciale alors au pouvoir dans les villes et les départements, de voir l’ordre public dont elles ont la charge être menacé. Voulant limiter la vue du sang, elles limitent celle la guillotine dans de nombreuses villes. Cela renvoie avant tout à un choix politique, sur fond d’une vision négative des classes populaires: se prémunir des possibles et redoutés débordements de la foule, particulièrement de celle révolutionnaire.

Et dans le reste de l’épisode…

Dans cet épisode vous apprendrez aussi qui est le véritable inventeur et concepteur de la guillotine, comment son premier fabricant était un Allemand parce qu’il proposait un prix plus abordable, comment les hommes et les femmes n’était  pas exécutées la même façon, où est-ce que la guillotine a le plus fonctionné à Paris…

Pour en savoir plus sur le sujet de l’épisode, on vous conseille de lire :

Sur la Révolution française :
  • BIARD (Michel) et LINTON (Marisa), Terreur ! La Révolution française face à ses démons, Malakoff, Armand Colin, 2020
  • MARTIN (Jean-Clément), Violence et Révolution, Essai sur la naissance d’un mythe national, Paris, Éditions du Seuil, 2006
  • VOVELLE (Michel), La Révolution française, Paris, Armand Colin, 1992
Sur la guillotine (XVIIIème-XXème siècles) :
  • ARASSE (Daniel), La guillotine et l’imaginaire de la Terreur, Paris, Flammarion, 1987.
  • CAROL (Anne), Physiologie de la Veuve : une histoire médicale de la guillotine, Seyssel, Champ Vallon, 2012.
  • DEBAT (Guillaume), « La guillotine dans le Maine-et-Loire : un instrument de la justice d’exception (1792-1795) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, à paraître été 2021.
  • DEBAT (Guillaume), « La guillotine révolutionnaire : de l’incarnation de l’humanisme pénal à une machine effroyable ? (1789-1794) », Annales historiques de la Révolution française, n°402, décembre 2020, pp. 33-57.
  • DEBAT (Guillaume), « Les contradictions de la guillotine révolutionnaire : autour d’une exécution ratée à Toulouse en janvier 1794 », La Révolution française – Cahiers de l’Institut d’histoire de la Révolution française, n°18, 2020 (10.4000/lrf.3988).
  • TAÏEB (Emmanuel), La guillotine au secret. Les exécutions publiques en France, 1870-1939, Paris, Belin, 2011.

Le générique du podcast a été réalisé par Julien Baldacchino et par Clément Nouguier (du podcast Au Sommaire Ce Soir).