Passion Modernistes

Épisode 16 – Benjamin et Mme Eloffe, marchande de mode (Passion Modernistes)

Épisode 16 – Benjamin et Mme Eloffe, marchande de mode (Passion Modernistes)
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Comment devenait-on marchande de mode à la fin du XVIIIème siècle ?

Passion Modernistes

Benjamin Alvarez-Araujo
Benjamin Alvarez-Araujo

En juillet 2020, Benjamin Alvarez-Araujo a présenté un mémoire « Adélaïde Henriette Damoville, dite Mme Eloffe (1759-1805). Autour d’une marchande de modes imaginaire ». Il était sous la direction de Laurence Croq à l’ Université Paris.

Née dans un contexte un peu pauvre, Adélaïde Henriette Damoville entre au service de Madame Pompey et se forme comme marchande de mode. Elle épouse M. Eloffe et ils finissent par récupérer la clientèle de Madame Pompey. Ils fournissent la cour de Versailles à la fin du XVIIIème siècle, la famille royale de l’époque et même Marie Antoinette. Pour connaître son activité il nous est parvenu deux de ses livres de comptes qui donnent des renseignements sur ce qui est vendu dans la boutique.

Une signature de Madame Eloffe
Une signature de Madame Eloffe

 

Le métier marchande de mode

Au XVIIIème siècle le travail de marchande de mode ne consiste pas à fabriquer des vêtements mais justement à être l’intermédiaire entre les fabricants et les clients, en inventant des modes vestimentaires. On les considère parfois comme les ancêtres des grands créateurs de mode mais ce n’est pas tout à fait vrai. Le métier de marchande de mode naît avec celui de mercier, les femmes qui l’exercent sont souvent des épouses de marchands merciers et elle s’occupent des articles de mode. Et à la fin du XVIIIème siècle elles s’autonomisent et créent leur propre corporation.

Elles vendent les accessoires et les ornements, tout ce qui vient décorer un vêtement, avec de la dentelle, des broderies, des plumes, etc. Elles les assemblent sur des robes déjà faites pour former des ensembles, les ajoutant ou déplaçant. Elles sont surtout spécialisées dans les ornements luxueux, destinés à une clientèle aristocratique qui cherche à se distinguer par le vêtement.

Et avec la Révolution, le fonctionnement des métiers change, les corporations sont supprimées en 1791, et désormais n’importe qui peut ouvrir boutique en payant une patente. A cette période la boutique des Eloffe évolue pour s’orienter plus vers la mercerie, s’adaptant au changement de leur clientèle.

François Boucher, La Marchande de modes, 1746
François Boucher, La Marchande de modes, 1746

Pour en savoir plus sur le sujet de l’épisode, on vous conseille de lire :

  • Livre-journal dit de Mme Eloffe entièrement numérisé sur le site des Archives Nationales
  • BEAUREPAIRE Pierre-Yves, La France des Lumières. 1715-1789, Paris, Belin, « Histoire de France », 2014 [1re éd. : 2011].
  • GODINEAU Dominique, Les Femmes dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, Armand Colin, « U. Histoire », 2015.
  • ROCHE Daniel, La France des Lumières, Paris, Fayard, 1993.
  • ROCHE Daniel, La Culture des apparences. Une histoire du vêtement (XVIIe-XVIIIe siècles), Paris, Fayard, 1989.
  • SAPORI Michelle, Rose Bertin, ministre des modes de Marie-Antoinette, Paris, Éditions de l’Institut français de la mode, Éditions du Regard, 2003.
  • DA VINHA Mathieu, Dans la Garde-robe de Marie-Antoinette, Versailles, Château de Versailles, Paris, Réunion des Musées Nationaux, 2018.

Dans cet épisode vous avez pu entendre les extraits des œuvres suivantes :

Ce très beau générique a été réalisé par Julien Baldacchino (des podcasts Stockholm Sardou, Radio Michel, Bulle d’art…) et par Clément Nouguier (du podcast Au Sommaire Ce Soir).