Hors-série 30 – L’archéologie du bâti (enregistré au château de Brie-Comte-Robert)
Comment l’archéologie du bâti nous permet d’en savoir plus sur l’histoire ?
Pour ce format hors-série de Passion Médiévistes, je vous retrouve au château de Brie-Comte-Robert, en Seine-et-Marne, haut lieu d’archéologie, particulièrement lié à l’Histoire des rois de France. Nous y avons enregistré cet épisode en public et en compagnie de deux invités : Muriel Laveau, membre de l’association Les amis du château ; et Florian Hemery, diplômé d’Histoire médiévale, le médiateur culturel et référent historique du château de Guédelon, en Bourgogne.
Le château fort médiéval de Brie-Comte-Robert
“Ce château [de Brie-Comte-Robert] était à l’origine ce que l’on pourrait appeler ‘des ruines romantiques’. C’était un parc public […]. On n’imaginait pas qu’il avait un château médiéval ici.” — Muriel Laveau
Muriel Laveau commence par un tour d’horizon des différents édifices qui composent le château et qui avaient été totalement oubliés depuis des centaines d’années. Le site a même failli être rasé. Mais c’était sans compter sur l’association des Amis du vieux château. Depuis 1982, ce groupe de bénévoles participe à la sauvegarde du château, mais aussi à la promotion et à la conservation de ses bâtiments. Comme vous le précise Muriel Laveau, c’est grâce à leur action que le château fort médiéval de Brie-Comte-Robert a pu être préservé. L’association réalise des fouilles archéologiques sur le site et y organise des visites culturelles et pédagogiques.
Muriel Laveau vous parle également des différentes étapes nécessaires pour faire émerger le château de ses ruines. En effet, depuis la découverte des vestiges de Brie-Comte-Robert, de nombreuses fouilles archéologiques et divers chantiers de restauration ont été menés. D’ailleurs, Muriel Laveau insiste sur le fait que la majorité de la collection présentée lors de la visite proviennent des vestiges mis au jour sur le site du château. Il s’agit ainsi de tenter de reconstituer la vie quotidienne de ce château fort médiéval. En vous rendant sur place, vous pourrez y voir des objets du quotidien et notamment, des carreaux de pavement, éléments décoratifs dont nous vous parlions dans l’épisode 72, aux côtés d’Agathe Catelain.
“Plus de 90 % [des objets présentés dans la collection de Brie-Comte-Robert] sont extraits du château uniquement.” — Muriel Laveau
Muriel Laveau souligne que le château de Brie-Comte-Robert a été entièrement fouillé. Beaucoup de bâtiments dont on ignorait totalement l’existence ont ainsi pu être mis au jour grâce aux chantiers de fouilles archéologiques. Muriel Laveau vous décrit aussi les différentes missions du site, et vous parle par exemple des études post-fouilles en cours, de la recherche paléographique ou encore des grands évènements nationaux auxquels le château fort de Brie participe.
L’archéologie du bâti, une nouvelle discipline au cœur du parcours de Florian Hemery
“En s’imaginant comment construisaient les bâtisseurs, on arrive plus facilement à déconstruire [le monument pour en étudier la structure]” – Florian Hemery.
Comme vous l’explique Florian Hemery, l’archéologie du bâti est l’une des nombreuses disciplines archéologiques. Elle vise à étudier les élévations des constructions et les matériaux. Elle permet alors de comprendre comment les édifices ont été bâtis. Contrairement à d’autres disciplines plutôt destructives, l’archéologie du bâti permet d’étudier les monuments (murs, pierres…) sans forcément les détruire.
Par l’intermédiaire de ses parents, Florian Hemery a d’abord participé très jeune au chantier de restauration d’un manoir voué à la destruction, en Bretagne. Il vous décrit lui-même son parcours et comment, en se spécialisant dans l’archéologie du bâti, il a atterri en Bourgogne sur le chantier de Guédelon. Il vous explique comment ce projet d’archéologie expérimentale est basé sur un procédé scientifique et relève, en outre, de l’archéologie de bâti.
C’est d’ailleurs en visitant les sites historiques alentours que Florian Hemery a décidé de se lancer dans la recherche archéologique, en alliant l’Histoire de l’art et l’archéologie du bâti. Parallèlement, pour se former au côté pratique, il a aussi collaboré avec l’Union Rempart, qui forme aux différents travaux en lien avec l’archéologie.
Pour ses recherches, Florian Hemery s’est appuyée sur la méthode d’archéologie du bâti qu’il a commencé à développer au cours de son M1. Il a continué de se perfectionner pendant son M2, se formant en même temps qu’il menait ses recherches. Il s’est ainsi spécialisé dans les enceintes et les fortifications médiévales.
Les recherches de Florian Hemery
“C’était un schmilblick de pleins de périodes de construction, un vrai millefeuille ! ” – Florian Hemery.
Dans le cadre de ses recherches de première année de master, Florian Hemery s’est vu proposer l’étude du prieuré de Saint-Martin-de-Londres, dans l’Hérault. Cet ensemble date du XIIème siècle et comprend une église, une enceinte et des fortifications. Florian Hemery s’est spécifiquement intéressé à l’enceinte du site. Il vous livre les méthodes qu’il a utilisées, et décrit en détail les différents éléments d’architecture qui le composent, tels que les portes ou encore les vantaux. Il vous confie également les difficultés qu’il a rencontrées en travaillant sur cet édifice.
Pour son M2, Florian Hemery a changé de lieu. Toujours dans l’Hérault, il s’est penché sur l’étude de l’abbatiale, et plus particulièrement de l’enceinte, du bourg monastique de Saint-Guilhem-le-Désert. Il vous explique comment il a pu s’appuyer sur ses conclusions de première année de master lors de cette seconde étude. Enfin, Florian Hemery vous raconte l’histoire de la fondation de cette abbaye romane. Il vous apprend qu’elle a été fondée en 804 par Guilhem de Gellone, un proche du roi Charlemagne.
Au cours de cette seconde étude, Florian Hemery a pu constater que de nombreux édifices avaient complété le prieuré de Saint-Guilhem et que ces monuments n’avaient pas tous été étudiés, voire avaient même disparu. Il vous rapporte donc comment il s’est appliqué à faire un état des lieux de ces différents vestiges pour permettre à d’autres de mener de nouvelles recherches plus approfondies.
Par ailleurs, s’il avoue ne pas avoir pu mener des études comparatives entre différentes enceintes en France afin de pouvoir vérifier ses hypothèses, Florian Hemery a néanmoins pu s’appuyer sur les documents écrits. Pour ce faire, il a par exemple étudié et comparé des registres du cadastre et des livres de comptes.
Pour en savoir plus sur le sujet de l’épisode, on vous conseille de lire ou de consulter :
- Archéologie du bâti. Aujourd’hui et demain, (actes coll. ABAD, Auxerre, oct. 2019), 2022, 638 p. (pour en savoir plus)
- Vidéos explications sur l’archéologie du bâti par l’université de Toulouse
Si cet épisode vous a intéressé vous pouvez aussi écouter :
- PASSION ANTIQUITÉS : Épisode 19 – Alexandrine et Beyrouth
- Hors les Murs #6 – Les fouilles archéologiques des Moulineaux
- Rencontres #7 – Baptiste et l’archéoscience
- Hors les Murs #10 – Le château de Sedan
- Épisode 45 – Gaëtan et les portes des châteaux forts
- Hors-Série 23 – Le monde de Clovis au musée d’archéologie nationale
Merci à l’équipe du château de Brie-Comte-Robert pour l’accueil et l’organisation de l’enregistrement, à Alizée Rodriguez pour la rédaction de l’article qui accompagne cet épisode et à Clément Nouguier pour le générique !