La série RencontresPassion Médiévistes Les épisodes retranscrits

Rencontres #2 – Priscille Lamure

Dans ce deuxième épisode de la série « Rencontres« , Priscille Lamure nous parle de son blog Savoirs d’histoire.

Priscille Lamure au micro de Passion Médiévistes

Priscille raconte sa passion pour le Moyen Âge et l’histoire, et les nuits passées sur la plateforme Gallica à explorer les documents numérisés. Sur son blog Savoirs d’histoire vous trouverez des articles sur des sujets comme les femmes recluses dans le cimetière des Innocents, l’histoire du tatouage, ou encore les reliures en peau de femmes.

« Construit sur l’emplacement d’un ancien champ funéraire mérovingien, ce fameux cimetière aujourd’hui disparu était accolé à la petite église des Saints-Innocents fondée au XIIe siècle et s’étendait aux abords du marché des Champeaux sur la rive droite de la Seine, à deux pas de l’actuel quartier des Halles. Lors de la construction du mur d’enceinte de Philippe Auguste, ce cimetière, qui était jusqu’alors ouvert à tous les vents dans une vaste zone non lotie hors de la ville, se retrouva intégré au sein de la capitale et enclos de hautes murailles permettant de l’isoler quelque peu des habitations voisines. »

A partir des articles de son blog Priscille a publié le livre Drôle(s) d’histoire(s) aux éditions du Trésor, et si vous souhaitez la soutenir vous pouvez contribuer à sa page Tipeee.

La bannière de "Savoirs d'histoire"
La bannière de « Savoirs d’histoire »
Transcription de l’épisode 2 du format Rencontres (cliquez pour dérouler)

[Générique Rencontres]

[Fanny Cohen-Moreau]

Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans la série Rencontres, l’annexe, en quelque sorte, de Passion Médiévistes, où je vous propose de rencontrer des personnes qui font vivre l’histoire et le Moyen Âge aujourd’hui, qui transmettent le goût pour l’histoire médiévale au grand public et qui, à leur niveau, luttent contre les idées reçues sur cette belle période de mille ans.

Pour ce deuxième épisode, je reçois Priscille Lamure. Bonjour Priscille.

 

[Priscille Lamure]

Salut Fanny.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Tu tiens depuis 2015 le blog Savoirs d’histoire, qui comme son nom l’indique, parle d’histoire. Tu as même publié un livre, et on en parlera un peu plus tard.

Déjà, est-ce que tu peux me raconter d’où te vient ton goût pour l’histoire ?

 

[Priscille Lamure]

Alors, le goût pour l’histoire, il vient depuis la plus tendre enfance, parce que j’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont mis entre les mains, très tôt, des livres d’histoire. Et puis surtout, ça s’est développé en passion à partir de la fac, où j’ai eu la chance d’avoir un professeur d’histoire qui était absolument fabuleux, qui savait exactement comment transmettre l’histoire avec beaucoup de rigueur et qui nous a appris comment faire de la recherche, aussi. C’est là que j’ai appris à faire de la recherche, en histoire.

Et c’est vrai que là c’est devenu… enfin j’ai commencé à me dire que j’avais envie d’en faire peut-être mon métier plus tard et de travailler dans le partage de l’histoire.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Donc, dans tes études, tu as mené l’histoire jusqu’à où ?

 

[Priscille Lamure]

Jusqu’au Master.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

C’était un master de quoi ?

 

[Priscille Lamure]

C’était la médiation culturelle. À Paris 3. Du coup c’était très riche parce que c’était autant de l’histoire, de l’histoire des arts, de l’histoire des mythes, de la sociologie, de la muséographie, un petit peu de toutes les matières nécessaires pour appréhender l’art, l’histoire, les œuvres, et pour pouvoir faire de la médiation entre ces œuvres et le public.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Et ton mémoire, c’était sur quoi ?

 

[Priscille Lamure]

Et du coup, mon mémoire, c’était en musicologie ! Et j’ai parlé de l’institutionnalisation du répertoire musical à partir du courant baroque. J’en ai profité pour faire un lien aussi avec l’histoire en parlant de l’opéra. C’était assez intéressant.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Et en 2015, donc, tu crées ce blog, Savoirs d’histoire. Pourquoi tu as créé ce blog ?

 

[Priscille Lamure]

Alors, j’ai créé ce blog parce que, en sortant de la fac, après avoir été nourrie intellectuellement pendant quatre ans, ça a été un peu brutal, comme arrêt, tout d’un coup, de ne plus avoir tous ces enseignements.

Du coup, de mon côté en fait, j’ai commencé à étudier toute seule, dans mon coin. C’était une époque où j’étais insomniaque, du coup, le soir, la nuit, je reprenais des cours passés, je récupérais les vieilles bibliographies que les profs nous donnaient, qu’on avait jamais le temps de tout lire au cours de l’année. Et j’ai acheté tous les bouquins, j’ai lu tous les livres, j’ai repris mes cours et dès qu’il y avait un truc que j’avais pas assez dit à l’époque dans mes cours, j’allais approfondir.

C’est à cette époque-là que j’ai découvert vraiment… enfin, que je me suis remise à être sur Gallica tous les jours. Gallica, qui est la bibliothèque numérique de la BNF [nldr : Bibliothèque Nationale de France], et donc en gros, c’est une quantité incroyable de documents numérisés et accessibles, en autonomie complète. C’est ça qui est génial en fait, c’est que n’importe qui, à n’importe quelle heure, peut consulter n’importe quel document archivé. Enfin une grande… pas n’importe quel document, mais beaucoup beaucoup de documents qui sont archivés à la BNF.

C’était un support génial. Et donc, quand dans mes cours, on parlait de tel manuscrit, je le retrouvais souvent dans Gallica. Donc je pouvais aller le feuilleter, ou alors, si c’était pas Gallica, c’était sur la British Library, qui a aussi plein de manuscrits médiévaux enluminés. Donc ça occupait mes soirées !

Par contre, du coup, je notais tout ça dans des petits cahiers. Dès que je trouvais des événements intéressants, des personnages originaux, excentriques, ou des anecdotes croustillantes, je notais dans des petits cahiers, pour moi, un peu, je gardais ça pour moi. Et à cette époque-là, après la fac, j’ai travaillé à la Monnaie de Paris, et j’étais avec une équipe de filles qui venaient aussi des études culturelles, d’histoire de l’art, de l’école du Louvre. Et je m’amusais à leur raconter un peu les anecdotes que j’avais lues dans la nuit ou les choses que j’avais découvert récemment, enfin, on en discutait, puisque c’était des choses qui nous intéressaient un peu toutes. Et c’est elles qui m’ont dit « Tu devrais… tu devrais faire un site, tu devrais raconter ça sur Internet, tu devrais faire un blog ou quoi ».

Et je n’y croyais pas trop,donc j’ai fait un premier article qui était l’article sur la sexualité, qui parle de sexualité au Moyen Âge, avec le pénitentiel de Burchard de Worms.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Déjà tu commençais très bien ! Voilà le Moyen Âge !

 

[Priscille Lamure]

Voilà ! [rires]

Je pense que j’ai bien fait de commencer par ça, parce que du coup l’article a très bien marché, et du coup ça m’a donné envie de continuer, et je me suis dit « Ben oui, aujourd’hui, c’est important de faire ça, en fait ». Autant avant, le savoir, l’accès au savoir était un peu réservé à des privilégiés, à une élite, autant aujourd’hui, avec une connexion Internet, tout le monde peut y accéder.

Et je me suis dit que c’était presque un peu un devoir de le faire, parce que j’avais engrangé plein de petites connaissances à mon petit niveau. Et je me suis dit, si ça m’intéressait moi, ça devrait intéresser d’autres personnes.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Alors comment tu choisis les sujets de tes articles ?

 

[Priscille Lamure]

Ça part souvent d’une anecdote marrante. Parce que, à la base, je n’avais envie de parler que de trucs marrants. Et puis bon, c’est vrai que ce n’est pas toujours possible. Et puis des fois, on a l’impression que c’est marrant, et quand on creuse, on se rend compte que ce n’est pas si marrant, donc on est obligé de raconter l’histoire, ce n’est pas forcément drôle. Souvent, ça part d’une anecdote, et puis en faisant mes articles je trouve les idées pour les suivants, parce que, en lisant, en élargissant les recherches, je tombe toujours sur des choses où je me dis “bon ça aussi, il faut que je le raconte”, mais dans un autre article, parce que j’ai déjà tendance à faire des articles extrêmement longs. Voilà, ça me donne d’autres idées.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Qu’est-ce que tu rencontres comme difficultés quand tu écris tes articles ?

 

[Priscille Lamure]

Principale difficulté, je dirais, c’est peut-être l’accès aux sources, parce que même s’il y a beaucoup de choses que je trouve sur Internet, ou j’achète des livres. Mais aussi comme j’aime beaucoup aller moi-même chercher dans les sources, la première difficulté que j’avais rencontrée, c’était la lecture de textes anciens, donc des textes manuscrits, et du coup, je me suis inscrite à l’École des Chartes, où j’ai fait une formation en paléographie.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

La paléographie, en fait, c’est la science pour décrypter et déchiffrer les manuscrits, c’est ça ?

 

[Priscille Lamure]

C’est ça. Les écritures anciennes, en fait. Du coup, ça m’a été oui, d’une très grande aide parce que, au départ, je lisais un peu n’importe quoi. [rires]

Enfin je croyais, en fait des fois on croit lire des choses, il ne faut pas trop se faire confiance. Faut se faire confiance, mais avec la paléographie, ce qui est magique, c’est qu’il faut y aller, il faut se faire confiance, mais faut quand même vérifier qu’on a pas mal lu, parce qu’il y a des choses qui peuvent être trompeuses.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Mais c’était la paléographie française ?

 

[Priscille Lamure]

Oui. On a commencé, j’ai fait deux séminaires. Le premier séminaire c’était “Paléographie médiévale”, et après on était plus vers 16è-18è.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Donc, déjà des notions de français médiéval. Parce que le français médiéval, ça a vraiment rien à voir. On croit que ça ressemble au français normal, mais en fait, il y a plein de faux-amis. Moi, je sais que j’en avais fait un petit peu pendant mes études, et notamment, il y a des K partout, mais des K, la lettre K, en fait, et on est pas habitué.es à lire ça, donc forcément on comprend pas. Donc toi, tu avais déjà ces notions de français médiéval pour t’aider un petit peu.

 

[Priscille Lamure]

J’avais quelques notions, et puis du coup, j’ai appris beaucoup aussi, en pratiquant.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Là, tu nous a raconté tout le côté recherche, pour tes articles. Quand tu passes à la rédaction, comment tu t’y prends ? Comment tu procèdes ?

 

[Priscille Lamure]

Alors, la rédaction, c’est très long parce que déjà, effectivement, j’ai fait mes recherches et j’ai synthétisé mes documents, je mets tout à plat. Et ensuite j’essaie de rendre ça sympa à lire, et c’est un vrai travail, parce qu’à la base, je n’étais pas prédisposée à écrire, je n’ai jamais pensé que j’écrirais, au moment venu, il y a quelques années, comme ça, pour le blog.

Et du coup, vraiment, je travaille beaucoup sur la rédaction, pour que ce soit agréable à l’oreille, pour que ce soit riche aussi en vocabulaire, j’essaie. J’essaie de mettre des mots que je trouve beaux, des mots de la langue française que je trouve intéressants, qui ont du sens, qui ont beaucoup de sens et qui suffisent dans une phrase pour faire passer les idées. Et des fois, il y a quelques lecteurs qui m’ont déjà dit « J’ai lu l’article mais je devais avoir mon dictionnaire à côté » et en fait, je m’en félicite ! Et je félicite aussi mes lecteurs qui ont envie de comprendre et ça me fait super plaisir quand j’entends ça.

Donc du coup, je continue à faire ça et à essayer de mettre de temps en temps des mots peut-être un peu plus exigeants. Voilà, j’essaie de faire un contenu qui va être populaire, qui va être accessible à tous parce que c’est vraiment le but de mon travail. Je n’ai pas du tout envie de m’adresser à une certaine catégorie de gens en particulier. Mais par contre oui, je pars du principe que mon lecteur est intelligent, et je lui fais confiance sur ça, et ensuite je me rends compte que c’est réellement le cas parce que les gens, déjà, lisent mes articles qui font des fois cinq, six pages Word à la base. [rires]

Et donc, oui, c’est assez exigeant des fois, ce que je leur donne, et je suis ravie de voir que les gens les partagent beaucoup, aussi ! Ça veut dire qu’ils ont envie de partager ce que j’ai raconté. Et voilà. Donc j’essaie de faire quelque chose d’agréable à lire, avec un contenu quand même un peu… le plus qualitatif possible.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Tu as souvent des retours de tes lecteurs ?

 

[Priscille Lamure]

Oui. Alors grâce à Facebook, qui est le réseau social sur lequel mes articles sont le plus relayés. J’ai beaucoup de retours quand je poste un nouvel article, même régulièrement, je reposte des anciens et c’est là… Oui, c’est hyper agréable d’avoir ces retours et d’avoir ces échanges avec les lecteurs.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Tu as encore ton métier à côté et est-ce que tu arrives à trouver un équilibre entre ton métier et le blog ? Est-ce que le blog ne te prend pas trop de temps ?

 

[Priscille Lamure]

Alors oui, le blog ça prend beaucoup de temps, parce qu’il y a toute la recherche, toute la rédaction. Et pour un article, je vais lire trois, quatre livres, donc c’est vrai que ça me prend minimum une semaine et demie d’écrire un article. Et à côté, j’ai un travail, puisque j’écris des articles pour RetroNews, qui est le site de presse de la BNF.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Ah donc tu as commencé par explorer le site de la BNF, et maintenant tu y travailles ?

 

[Priscille Lamure]

Alors j’y travaille… C’est un partenaire de la BNF, RetroNews. Mais voilà, j’y travaille depuis chez moi, je pige quoi. Et c’est génial, oui oui.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Et c’est ton occupation à temps plein ?

 

[Priscille Lamure]

Bah ça me prend, oui, ça me prend le reste du temps. [rires] Mais après voilà, je travaille aussi tout le temps parce que j’aime bosser, puisque c’est tout ce qui m’intéresse. Donc je travaille le soir, le weekend… Mais je suis bien occupée, oui oui. [rires]

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Sur ton blog, tu parles vraiment d’histoire, de façon assez générale, de toutes les périodes. Est-ce que tu as une période historique préférée ?

 

[Priscille Lamure]

Alors, je n’ai pas vraiment de période historique préférée, parce que… Déjà, j’ai un peu du mal à… à les séquencer.Enfin, je trouve que c’est tellement une continuité et…

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Alors nous, dans le podcast, on dit que le Moyen Âge, c’est de 500 à 1500. [rires]

 

[Priscille Lamure]

Oui oui, alors je suis bien d’accord avec ça, et je suis bien d’accord qu’il faut mettre des jalons, un peu, pour s’y retrouver !

Voilà, par exemple, j’adore le Moyen Âge mais je trouve qu’on retrouve beaucoup de Moyen Âge dans Rabelais, c’est déjà la Renaissance. Mais quand même, voilà, le Moyen Âge, ça reste une période que j’affectionne particulièrement.

Et notamment par rapport à tout ce dont j’ai parlé auparavant, parce que j’ai beaucoup d’émotions en pensant aux armées de copistes dans les scriptoria, dans les abbayes, ou bien en ville, dans les ateliers de copie, qui passaient un temps fou chaque jour à copier les textes. Et je pense que c’est une période qui avait vraiment bien compris la nécessité absolue de transmettre, de préserver le patrimoine intellectuel passé, et de le transmettre, juste avant l’invention de l’imprimerie.

C’était un travail énorme, et puis l’imprimerie, ensuite, a permis de, cette diffusion du savoir, de la faire exploser. Ce qui me plait vraiment beaucoup, au Moyen Âge, c’est ce travail-là, de transmission des savoirs, et c’est pour ça que j’ai d’ailleurs consacré un cycle d’articles sur mon blog à un moine un peu “fou” dans un scriptorium, à qui il arrive pas mal de péripéties, et ça me permettait de mettre en avant des vrais textes, que j’ai retrouvé dans les archives, qui ont des petites particularités amusantes, et voilà. Je trouve que c’est quelque chose de très précieux, quoi.

Ce cycle d’articles, ça s’appelle “Craquage au scriptorium”, [rires] et donc c’est l’histoire d’un moine que j’ai appelé Anségisel, pour me moquer un peu de lui, parce que c’est… je l’ai qualifié de “troll”, parce qu’il fait que des bêtises. Et en fait, j’ai trouvé dans les archives pas mal de documents manuscrits, sur lesquels il y a des ratures, voilà, enfin on trouve des ratures, des grosses taches d’encre, des dessins un peu débilos. Et du coup je fais en sorte que ça arrive à mon personnage, et ça me permet de mettre des illustrations de ces documents, de mettre les liens pour que le lecteur puisse aller cliquer et se retrouver directement sur l’archive.

Et ça me permet de parler aussi de tout l’univers médiéval de l’époque du scriptorium, comment ça se passait. Voilà, le travail du copiste, le travail de l’enlumineur, comment on fabrique un livre, tout ça. C’était une façon un peu marrante de le raconter.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Donc tu fais un peu de fiction dans tes articles aussi ?

 

[Priscille Lamure]

Bah c’est le seul cycle d’articles où j’ai fait de la fiction, où je me suis permis de faire de la fiction, c’était ça. Parce que… parce que j’étais obligée d’inventer des histoires autour de ces documents. Et puisqu’on ne peut pas savoir comment ça s’est produit, comment cette personne a dessiné tel petit personnage grotesque ou autre. Donc, il fallait que j’imagine pourquoi le personnage avait fait ça. Et c’est vrai que non, je ne me lâche pas trop sur la fiction, mais j’aimerais beaucoup ! Donc c’est des projets… J’ai quelques projets de fiction à côté. Ça c’est quelque chose qui me plairait bien.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Et le dernier article que tu as publié, à l’heure où on enregistre, qui parlait de Moyen Âge, c’était sur quoi ?

 

[Priscille Lamure]

Alors je crois que c’était sur les recluses du cimetière des Innocents à Paris. Donc le cimetières des Innocents, c’est un ancien cimetière médiéval qui a aujourd’hui disparu. Il y avait dans ce cimetière, il y avait des recluses qui étaient donc dans un petit reclusoir qui était… qui jouxtait la chapelle qui était à l’intérieur du cimetière.

Et donc ce sont des femmes qui étaient enfermées, par leur volonté en général. Il y a eu quelques… il y a eu quelques personnes qui ont été enfermées par punition, mais généralement, c’était des femmes qui faisaient le vœu d’entrer en reclusoir et qui vivaient dans l’ascèse la plus totale, dans le dénuement le plus total, puisque le reclusoir, c’est une petite pièce de quelques mètres sur quelques mètres, et il n’y a pas de… Il n’y a aucun confort, c’est pire qu’une cellule de moine, c’est vraiment minuscule. Et puis donc, leur travail, c’était de prier pour la cité, de prier pour protéger la ville, protéger…

Donc on avait souvent des recluses qui étaient installées à côté des léproseries, des hôpitaux, certaines murailles de villes, enceintes de villes. Ou à côté d’un pont, pour protéger un pont, par exemple. Et donc c’était quelqu’un qui était là H24, pour prier pour l’endroit, et qui recevait des oboles des passants, et nourries uniquement par la piété populaire, les gens qui passaient, qui venaient se confier à cette personne aussi, qui avait un rôle aussi de confidente, on pouvait venir lui parler.

Elle avait pour fonction de consoler, aussi, les malheureux. Alors j’imagine qu’elle devait être assez malheureuse aussi, peut-être. [rires] On rentre dans son tombeau, quand on rentre dans le reclusoir. Donc c’est impressionnant comme pratique !

Et donc voilà, je racontais ça, parce que dans le cimetière des Innocents, on avait au moins une, voire deux recluses qui y ont été pendant toute la période médiévale, qui s’y sont succédées. Et puis quand une recluse mourrait, il y avait la queue au portillon pour reprendre la place, puisque c’était… Quand on était recluse, on était connue, on avait des funérailles grandioses. Et puis on avait un vrai poids dans la cité, puisqu’on priait pour le salut de la ville, tout ça, donc il y avait beaucoup de gens, beaucoup de femmes, puisque c’était beaucoup des femmes. Auparavant il y avait plus d’hommes, et c’est devenu un mouvement un peu plus féminin, apparemment, au Moyen Âge, en tout cas dans le reclusoir des Innocents.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Mais ce n’était pas du tout un ordre religieux ?

 

[Priscille Lamure]

Il y a eu des recluses religieuses, mais ce n’était pas du tout la norme, ce n’était pas forcément la norme, et il y a eu des recluses qui venaient de n’importe où.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Mais elles n’étaient pas persécutées de quelque façon par l’Église ? Parce que c’est quand même un peu une concurrence à l’Église ce qu’elles font.

 

[Priscille Lamure]

Mais c’était très lié à l’Église, puisqu’elles priaient pour la ville. Et d’ailleurs, dans les reclusoirs qui sont accolés aux églises, le reclusoir est normalement situé de façon à être dirigé vers l’oratoire et il y a une petite ouverture dans le reclusoir qui permet à la recluse de voir l’autel, de voir la célébration, d’assister aux messes. C’est très lié à la religion, en fait.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Là, dans les derniers articles que tu as publiés, tu parles aussi du tatouage – 1 sur 2, donc ça va être en deux épisodes ?

 

[Priscille Lamure]

Oui. Je suis en train de travailler sur le deuxième.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Et là, c’est sur quoi ? C’est dans…

 

[Priscille Lamure]

Et bien c’était plutôt sur l’histoire du tatouage. Je n’ai pas pu tout raconter parce que c’est une histoire très longue mais c’est vrai qu’on… les hommes se tatouent, les hommes et les femmes se tatouent depuis toujours. La momie Ötzi, qui est une momie préhistorique, sur laquelle on a trouvé des tatouages, donc bon, on sait qu’on pratique le tatouage, le marquage de la peau humaine depuis des siècles.

Ça a été aussi une façon de marquer des esclaves. Donc au Moyen Âge, le tatouage est condamné par l’Église puisque dans le Lévitique, on explique qu’il ne faut pas marquer sa peau, il ne faut pas apporter de modifications à la créature divine, que Dieu a façonné à son image, etc. Dieu n’avait pas de tattoo, donc… [rires] On n’a pas le droit de s’en faire, et puis il y a pape Adrien qui a redoublé la condamnation du tatouage. Mais par contre, bizarrement, les tatouages qu’on retrouve beaucoup au Moyen Âge, c’est les tatouages des pèlerins chrétiens et des croisés qui se rendaient à Jérusalem sur le tombeau du Christ, et qui, pour ramener un petit souvenir, se faisaient tatouer une croix de Jérusalem, un poisson, sur bras. Et donc c’est rigolo, parce que l’ironie du sort, quoi !

Et donc voilà, je raconte un petit peu l’évolution du tatouage jusqu’à ce que ça devienne vraiment une mode, on va dire, au 19è siècle, après les voyages des navigateurs. En fait, ce sont les navigateurs, comme Bougainville, qui ont ramené des récits exotiques dans lesquels il y a des personnages tatoués, les insulaires de Tahiti, en Polynésie, tout ça.

Et donc, les marins ont commencé à se tatouer, ils ont ramené ça en Occident, et c’est devenu très rapidement une mode populaire en fait, vraiment, dans les classes populaires. Et une mode qui avait ses limites, puisque c’est vrai, on l’a beaucoup assimilé, tout de suite, à la criminalité, à la délinquance, et du coup, être tatoué, c’était un peu aussi une marque infamante, comme les marquages de peau l’ont été, avec la flétrissure sur les prostituées, etc. Donc c’était… oui, c’était assez intéressant de raconter ça.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Et j’ai vu qu’il y a aussi un article qui a un petit peu un lien, de façon un peu éloignée : les reliures de peau, mais de peau de femme. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

 

[Priscille Lamure]

Oui. [rires]

Alors, il se trouve qu’on relie des livres en général avec de la peau de bête, avec la peau des animaux, des moutons, depuis qu’on fait des livres. Mais c’est vrai qu’il y a des gens qui ont eu la fantaisie, on va dire, de faire relier des ouvrages avec de la peau humaine. Et alors, il y a de la peau humaine, il y a de la peau d’homme, il y a de la peau de femme, moi j’ai voulu centrer un peu mon article, donc j’ai choisi de le faire sur les reliures en peau de femme.

Parce qu’à partir du 17è, 18è siècle, on a commencé à trouver pas mal d’ouvrages de médecine, notamment, ou d’ouvrages judiciaires reliés avec de la peau… de la peau humaine. Et alors, par exemple, si c’était une condamnation d’une sorcière, on avait récupéré sa peau après son châtiment, et puis on avait relié le document avec… des choses comme ça.

Et puis, au 19è siècle, il y a notamment le cas marrant, enfin marrant… de l’astronome Flammarion, qui se retrouve dans une drôle d’histoire, parce qu’il a une amie, une connaissance, qui est une comtesse, qui admire beaucoup Flammarion, et qui lui fait parvenir un message après sa mort, de la part de son avocat, ou de son notaire. Il reçoit un colis dans lequel il y a la peau du dos de cette femme…

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Uuuuuuugh.

 

[Priscille Lamure]

… avec un message qui lui demande de bien vouloir, pour respecter ses dernières volontés, faire relier le prochain ouvrage, son prochain ouvrage avec cette peau. Et donc, il explique à l’époque…

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Mais quelle horreur !

 

[Priscille Lamure]

À l’époque, il est interviewé par le journal Le Temps, et donc il explique au journaliste qu’il a déjà été très surpris bon, mais que, finalement, il a voulu répondre à ses dernières volontés, et que donc, il y a un ouvrage, qui est aujourd’hui conservé à l’Observatoire de Juvisy, qu’on peut voir, qui est relié dans la peau de cette femme. Et puis du coup, il y a écrit, en lettres dorées “Reliure en peau humaine”.

Voilà, c’est rigolo, parce qu’en fait, ce n’est pas un cas rare, quoi. Et il y avait pas mal de bibliophiles qui, voilà, par fantaisie, ont voulu, comme ça, mettre une petite touche un peu plus étrange à leur collection, en rajoutant un peu de… oui… un peu d’épiderme. [rires]

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Et là, pour le coup, par rapport à ce que tu disais juste avant sur l’Église qui ne veut pas qu’on touche au corps, là c’est totalement anti-clérical de faire ça.

 

[Priscille Lamure]

Oui, alors ça c’est vrai, je n’ai pas traité la question, mais oui, je pense que ce n’est pas hyper… déjà ce n’est pas très feng shui [rires], mais je ne sais pas si c’est très chrétien quoi. [rires]

 

[Fanny Cohen-Moreau]

C’est sûr.

En mai 2018, tu as publié un livre, à partir de ton blog, qui s’appelle donc Drôle(s) d’histoire(s), aux éditions du Trésor. Comment tu en es venue à publier ce livre ?

 

[Priscille Lamure]

Et bien j’ai eu beaucoup de chance, parce que c’est le directeur des éditions du Trésor qui m’a contactée, en me disant qu’il avait beaucoup apprécié mon travail, et qui me demandait si j’étais intéressée pour publier quelques-uns des articles. Donc on a travaillé ensemble. Les éditions du Trésor, c’est une maison d’édition dont la ligne éditoriale, c’est très porté vers les aventures, les découvertes, les voyages.

Donc j’avais essayé de trouver, dans mes articles, des textes qui puissent faire un peu une idée d’une aventure historique à travers le temps. Donc, comme j’ai des articles de différentes époques, on a choisi de faire un ordre chronologique et de raconter plusieurs histoires comme ça avec des personnages un peu farfelus, surtout… oui, des histoires un peu déjantées, un peu incroyables mais vraies, que j’avais racontées dans mon blog.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Est-ce qu’il y a des histoires inédites dans le livre ?

 

[Priscille Lamure]

Oui. Il y a une… un chapitre inédit, où je parle de l’histoire de Jeanne Barret, qui est une jeune femme qui s’est incrustée de façon incognito dans l’expédition de Bougainville, première expédition scientifique française autour du monde.

Et en fait, elle était une intime de Philibert Commerson, qui était le botaniste du roi, qui était convié à cette expédition et, ne voulant pas quitter son maître, elle s’est déguisée en valet et elle s’est fait engager en tant que valet, donc, en tant que valet de Philibert de Commerson. Personne ne l’a grillée pendant près d’un an, alors qu’elle a enduré, effectivement, comme les hommes, la navigation, les maladies. Il y a eu une disette d’eau, une famine, il y a eu des épidémies,bon. Et puis il y a eu des écueils sur les mers assez importants lors de cette expédition, et finalement, c’est en mettant les pieds à Tahiti que des insulaires, la voyant, enfin voyant ce valet, ont crié « Oh, c’est une femme, c’est une femme, c’est une femme ! ». Et du coup, grâce à son tempérament, un peu de feu, son courage, sa témérité, elle a été graciée par Bougainville, parce que normalement, une femme qui… les femmes sont interdites à bord des navires royaux pour d’aussi longues traversées. Ça porte malheur, ce n’est pas possible d’avoir une femme à bord. [rires]

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Ben voyons.

 

[Priscille Lamure]

Voilà. Et donc, elle aurait pu finir enchainée avec des fers aux pieds, mais elle a été graciée par Bougainville et puis bon, ça va quand même se terminer de façon un peu plus compliquée, mais ça je ne vais pas spoiler.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Et là, pour la rédaction de cet article-là en particulier, c’était différent du blog ?

 

[Priscille Lamure]

Alors oui, parce que de toute façon, tous les articles que j’ai publiés dans le livre, je les ai repris. Déjà, j’ai retiré le ton “blog”, j’ai voulu que ce soit plus littéraire. Dans mon blog, je m’adresse… enfin je parle souvent à la première personne du singulier, je m’adresse des fois un peu au lecteur, là il fallait que ce soit plus, plus littéraire.

Donc celui-là, j’ai écrit effectivement directement comme il faut, quoi. Mais c’était enrichissant aussi parce que c’est vrai que ça m’a fait réfléchir sur comment j’écrivais. Puisqu’au départ, le blog, j’ai écrit un peu de façon spontanée, et puis en avançant j’essaie de travailler un peu plus la façon dont je présente mes articles, dont je présente… dont je raconte. Donc c’était intéressant.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Depuis qu’il est publié, j’ai vu que depuis quelques mois, tu vas dans des festivals, tu vas dans des salons du livre, qu’est-ce que ça t’a apporté la sortie de ce livre ?

 

[Priscille Lamure]

Et bien ça m’a apporté… alors déjà, beaucoup de fierté ! Moi j’adore les livres donc, et j’aurais jamais pensé sortir un livre un jour, donc c’est mon livre, je suis très contente. Et effectivement, beaucoup de rencontres, puis ça me per… j’espère que ça va me permettre de toucher d’autres personnes aussi !

Parce que le blog, c’est Internet quoi, alors qu’il y a beaucoup de gens qui ne lisent pas sur Internet les contenus, parce qu’ils ne savent pas où trouver les informations ou quoi, et donc c’est vrai que là je me dis qu’un livre, s’il est bien recommandé, s’il a une bonne visibilité, je pense que je peux toucher de nouveaux lecteurs aussi, donc ça, ce serait très chouette.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Est-ce que tu as d’autres projets en cours, ou peut-être d’autres livres à venir ?

 

[Priscille Lamure]

Oui, j’aimerais beaucoup en faire d’autres, et j’ai surtout des projets de romans historico-comiques, on va dire, avec des personnages un peu marrants. Et j’aimerais bien justement m’émanciper des personnages réels pour créer mes personnages à moi, et les insérer dans l’histoire et leur faire vivre des aventures un peu marrantes qui me permettraient de continuer à faire le même travail mais en étant un peu plus libre de pouvoir raconter, de pouvoir laisser libre court à ma fantaisie.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Pour finir, j’ai une question vraiment toute simple. Quel conseil tu donnerais à quelqu’un qui voudrait faire de la vulgarisation historique, comme tu le fais, donc à travers un blog, ou par un autre média ?

 

[Priscille Lamure]

Peut-être le premier conseil, c’est déjà de travailler sur des sujets qui vont lui tenir à cœur, qui vont lui donner envie d’approfondir les recherches et d’aller à fond. Parce que c’est un gros travail, on a l’impression que… enfin on a l’impression qu’on va pouvoir raconter parce qu’on aime raconter. Mais on se rend compte qu’il faut énormément de sens derrière, qu’il faut énormément vérifier les sources aussi, qu’il faut énormément lire, et moi je ne pensais pas que ce serait à ce point chronophage. Et en même temps, c’est hyper enrichissant, et en même temps, maintenant, je ne me verrais pas faire autre chose que ça.

Mais il faut être prêt, je pense, à investir beaucoup de temps et d’énergie là-dedans, bien citer ses sources pour montrer comment on a travaillé aussi, pour pouvoir s’appuyer dessus, pour pouvoir en débattre.

Et pour… oui, quand on vulgarise, je pense que c’est bien d’avoir des… de s’appuyer sur les travaux des historiens, si on ne l’est pas soi-même, pour soutenir ses propos, quoi. Puis après, je pense que l’humour, ça marche toujours très bien. Et je pense que les lecteurs ont besoin de ça parce que les contenus ludiques et marrants, c’est ce dont les gens ont besoin. Moi, j’ai réalisé à quel point mon lectorat est divers et varié, et j’en suis vraiment ravie. C’est-à-dire que j’ai des gens qui sont en cours, qui sont au lycée, mais j’ai aussi des gens qui ont quarante ans, et des gens plus âgés qui lisent.

Et je pense que la chose qui réunit un peu tout ça, c’est un humour, un humour sain, quoi, mais un humour un peu qui permet de voir les choses plus légèrement. Parce que je pense que l’histoire, c’est intéressant, mais il ne faut pas la prendre trop au sérieux, ne serait-ce que parce que, voilà, il faut toujours garder un espace de distance, aussi, sur tout ça.

Et que le fait de le voir avec humour, ça permet peut-être d’éviter d’avoir une vision extrême des choses, aussi, et peut-être d’avoir envie d’approfondir, enfin de se laisser plus emporter par ce qui est raconté. Je pense que ça permet de bien canaliser son lecteur.

 

[musique]

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Merci beaucoup, Priscille Lamure. Alors, dis nous où est-ce qu’on peut te retrouver sur Internet ?

 

[Priscille Lamure]

Alors sur Internet, on peut me retrouver sur le blog Savoirs d’histoire, qui est sur WordPress, mais il est bien référencé, donc normalement ça va.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Tu es donc sur Facebook, sur Twitter, sur Instagram.

 

[Priscille Lamure]

Oui, oui, oui.

 

[Fanny Cohen-Moreau]

Et donc, ton livre, qui est donc sorti aux éditions du Trésor, Drôle(s) d’histoire(s).

J’espère que cette interview vous aura donné envie d’aller voir un petit peu plus loin et de vous renseigner un petit peu plus sur des faits d’histoire.

En attendant, vous pouvez retrouver Passion Médiévistes sur les réseaux sociaux, donc Facebook, Twitter, Instagram, bien sûr. Vous pouvez aller découvrir tous les épisodes qui sont en ligne du podcast. Si on compte, les hors-série, les épisodes normaux, les enregistrements en public, je crois qu’on est à plus de 26 épisodes, 27, je ne sais plus, donc vous avez clairement de quoi occuper de longs séjours ou des longs trajets en voiture !

Le prochain épisode de Rencontres, et bien ce sera un podcasteur qui s’intéresse à la légende arthurienne. Je vous en dis pas plus. À bientôt !

 

[Priscille Lamure]

Salut !

Merci à Liz pour la transcription et à Nine pour la relecture !