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Épisode 43 – Thimothée et l’assemblée de 1329 de Vincennes

Connaissez-vous l’assemblée de Vincennes de 1329 ?

Thimothée Guyon au micro de Passion Médiévistes
Thimothée Guyon au micro de Passion Médiévistes

Intitulé La construction d’un événement : l’assemblée de Vincennes de 1329 et sa réception manuscrite, le mémoire de Thimothée Guyon expose la rencontre entre le roi et une vingtaine d’évêques, concernant la place de la juridiction ecclésiastique dans le royaume de France. Thimothée Guyon a soutenu son mémoire en histoire médiévale en septembre 2019 à l’EHESS de Paris, sous la direction de Étienne Anheim. À partir de la seule source qui a été conservée de cette assemblée, le Libellus Petri Bertrandi, il s’est intéressé aussi aux différentes réceptions de ce texte dans des contextes politiques et religieux tendus.

Un événement particulier

Cette assemblée est convoquée pour affirmer la légitimité du roi Philippe VI fraîchement élu et surtout pour régler des problèmes de juridiction. La justice au Moyen Âge est organisée selon deux grands pôles, un pôle laïc et un pôle ecclésiastique. Les juridictions seigneuriales puis royales s’occupent par exemple des affaires de meurtres ou de litiges économiques, et la justice ecclésiastique s’occupe des prêtres et de tout ce qui touche aux sacrements, comme les mariages, les héritages, les serments… Mais pour certaines affaires de cause mixte les deux juridictions sont en conflit, avec des enjeux de pouvoir et économiques.

À cette assemblée sont présents le roi Philippe VI, souvent représenté par son conseiller du roi Pierre de Cunières qui défend son parti, l’archevêque de Sens Pierre Roger, et l’évêque d’Autun Pierre Bertrand, qui est chargé de répondre aux propositions de Pierre de Cunière sur comment améliorer la juridiction. Beaucoup de barons et d’officiers du rois sont aussi présents.

Dans son mémoire Thimothée Guyon a étudié comment cette assemblée avait été utilisée selon les périodes et les contextes pour servir une cause politique ou religieuse. Par exemple, sous Louis XIV, Mazarin avait un exemplaire de ce texte car il servait la cause du renforcement de l’autorité de l’État sur l’Église de France, permettant de légitimer l’action politique du roi.

Grandes Chroniques de France. C'est le manuscrit Français 2813 de la BnF au folio 397r
Grandes Chroniques de France. Manuscrit Français 2813, BnF, folio 397r
Illustration de l’épisode 43 par Din
Illustration de l’épisode 43 par Din

Pour en savoir plus sur le sujet de l’épisode, on vous conseille de lire :

  • Billoré, Maïté, La justice dans la France médiévale (VIII-XVe siècle), Paris, Armand Colin, 2012.
  • Cazelles, Raymond, La Société politique et la Crise de la royauté sous Philippe de Valois, Paris, Librairie d’Argences, 1958.
  • Hébert, Michel, Parlementer. Assemblées représentatives et échange politique en Europe occidentale à la fin du Moyen Âge, Paris, Éditions de Boccard, 2014.
  • Krynen, Jacques, L’empire du roi: idées et croyances politiques en France, XIIIe-XVe siècle, Paris, Gallimard, 1993.
  • Martin, Henri-Jean, Histoire et pouvoirs de l’écrit, Paris, Librairie Académique Perrin, 1988.
  • Tallon, Alain, Conscience nationale et sentiment religieux en France au XVIe siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 2002.
  • Telliez, Romain, Les institutions de la France médiévale: XIe-XVe siècle, Paris, Armand Colin, 2016.

Dans cet épisode vous avez pu entendre les extraits des œuvres suivantes :

  • Kaamelott, Livre III, épisode 26, « L’assemblée des rois »

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