Passion Antiquités

Épisode 20 – Euan et les offrandes dans l’Italie préromaine (Passion Antiquités)

Quelle était la place des offrandes dans la religion gréco-romaine antique ?

 carte de l'Italie préromaine
Carte de l’Italie préromaine (Wikimedia Commons)

Dans sa thèse intitulée Les offrandes miniatures dans l’Italie préromaine : formes, contextes, pratiques, VIIIème – Ier siècle avant notre ère, qu’il mène sous la direction d’Olivier de Cazanove, Euan Wall se penche sur l’importance des offrandes la religion gréco-romaine. Doctorant à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chargé d’étude et de recherches à l’Institut national de l’Histoire de l’Art, il est l’invité de cet épisode de Passion Antiquités.

L’Italie préromaine

“L’Italie préromaine c’est l’Italie [morcelée] d’avant la conquête romaine. […] C’est une mosaïque de peuples et de langues.” —  Euan Wall

Dans le cadre de ses recherches, Euan Wall se concentre sur l’Italie centrale et méridionale. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’Italie préromaine ne se situe pas avant la fondation de la ville Rome, en 453 avant notre ère et Euan Wall insiste sur ce point.  Il s’agit plutôt de l’Italie qui existait avant la conquête du territoire par les Romains, entre les VIIIème et Ier siècle avant notre ère. À cette époque, c’est un espace morcelé entre plusieurs peuples qui parlent différentes langues. Toutes ces langues ont cependant une origine commune : ce sont des langues italiques, dont le latin, entre autres, fait partie.

La religion gréco-romaine

“On a tendance à considérer le panthéon de dieux comme un organigramme d’entreprise.” —  Euan Wall

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Vases miniatures du sanctuaire de Monte Grande Cales (photo par Euan Wall au Musée de Naples)

La religion gréco-romaine est une religion polythéiste qui regroupe un certain nombre de dieux et de déesses. Cependant, Euan Wall tient à vous rappeler que chacune de ces divinités est plurielle. Elles peuvent donc agir dans différents contextes et ont des personnalités plus complexes que celle qui leur est communément attribuée – vous l’entendiez d’ailleurs au sujet d’Apollon dans l’épisode 18. De plus, il y a des versions locales de chaque divinité, différentes selon les régions.

Comme vous l’explique Euan Wall, la religion gréco-romaine est très différente des religions monothéistes (catholicisme, judaïsme ou islam). Il n’y a ni liturgie, ni véritable notion de foi. AInsi, plutôt que de formuler une prière au sens spirituel, on offre quelque chose à la divinité en échange d’une demande : un vœu. En ce sens, Euan Wall qualifie davantage la religion gréco-romaine polythéiste de relation contractuelle entre l’humain et la divinité.

Les offrandes et leur importance dans le culte

“L’offrande est la façon principale de communiquer avec la divinité dans les religions gréco-romaines.” —  Euan Wall

Ainsi, dans la religion gréco-romaine, la vénération de la divinité passe par l’accomplissement de rites, par des actes concrets. Il s’agit tantôt d’un sacrifice d’animal, de vin, d’huile ou encore d’encens, tantôt d’une offrande votive – un objet déposé dans un lieu sacré à l’intention d’une divinité. Ces offrandes sont toujours réalisées en échange d’un vœu que l’on demande à la divinité d’exaucer.

Ex votos anatomiques en forme d'uterus et sein(Musee Florence)
Ex votos anatomiques en forme d’uterus et sein (photo par Euan Wall au Musée de Florence)

En étudiant les sanctuaires et divers lieux de cultes, Euan Wall s’est aperçu que la plupart des offrandes matérielles étaient plutôt destinées aux divinités féminines. On fait des offrandes votives : bijoux, vases, monnaies, armes, sur lesquels on note des inscriptions. Par ailleurs, on distingue deux types d’offrandes. D’une part, l’offrande par destination dont l’objet a été conçu spécifiquement pour être offert à une divinité. D’autre part, l’offrande par transformation qui implique que l’objet n’était initialement pas destiné au culte.

Il est possible de faire des offrandes aux divinités et aux morts, mais pas aux vivants. Les offrandes ont aussi un rôle social, pour la communauté. Elles sont pratiquées dans des temples, de petits autels disposaient un peu partout ou dans des sanctuaires. Néanmoins, le culte peut également être réalisé à titre individuel. Euan Wall précise donc que chacun, chez soi, pouvait offrir un objet ou faire une libation – une offrande de liquide – à titre individuel, à son domicile. En outre, chaque individu offre selon ses moyens et son statut social.

Dans l’épisode Euan Wall pour parle plus en détails des offrandes miniatures auxquelles il consacre sur sa thèse, en ayant une réflexion générale sur la miniaturisation.

Pour en savoir plus sur le sujet de l’épisode, on vous conseille de lire :

  • Haack, M.-L. À la découverte des Étrusques. Paris : La Découverte, 2021).
  • Bourdin, S. Les peuples de l’Italie préromaine. Rome : École française de Rome, 2012. (moins grand public, mais très important et une base solide en français)
  • Bourdin, S. et Virlouvet, C. Rome, naissance d’un empire. Paris : Belin (coll. « Mondes anciens), 2021. (manuel assez récent sur l’Italie antique du point de vue de Rome)
  • Humm, M. La république romaine et son empire.Paris : Armand Colin (coll. « U »), 2018).

En anglais, il y a de bons livres d’introduction mais plutôt de profil universitaire :

  • Cooley, A.E. (dir.) A Companion to Roman Italy. Malden : Wiley, 2018
  • Farney G.D. et Bradley G. (dir.) The Peoples of Ancient Italy, Berlin : De Gruyter, 201

Dans cet épisode vous avez pu entendre les extraits des œuvres suivantes :

Si cet épisode vous a intéressé vous pouvez aussi écouter :

Merci à Clément Nouguier qui a réalisé le générique du podcast, à Baptiste Mossiere pour le montage de l’épisode et à Alizée Rodriguez pour la rédaction de l’article !