Découvrez l’Ecosse médiévale du XIIème siècle dans cet épisode !

Erell Le Chanjour est l’invitée de l’épisode 99 du podcast Passion Médiévistes. Pendant son master d’histoire médiévale à l’Université Rennes 2, sous la direction de Florian Mazel, elle a rédigé un mémoire de recherches intitulé “L’expression du pouvoir épiscopal dans les actes diplomatiques épiscopaux écossais, fin XIème début XIIIème siècle”. Au micro de cet épisode, Erell Le Chanjour vous fait voyager à travers l’Écosse du XIIème siècle.

L’Écosse avant le XIIème siècle

“L’Écosse compte plus de 800 îles.” – Erell Le Chanjour.

Les limites géographiques médiévales de ce territoire au nord des Îles Britanniques ressemblent à celles de l’Écosse contemporaine. Au sud, la frontière avec l’Angleterre est délimitée par deux fleuves, les deux nations se disputant cette région tampon au cours des siècles. Au nord, l’influence est scandinave, comme vous en parlait déjà Pauline Fleury dans l’épisode 40 de Passion Modernistes consacré à Anne Mackintosh. Enfin, Erell Le Chanjour vous rappelle que l’Écosse est aussi un chapelet d’îles réparties sur quatre archipels et, elles aussi, largement influencées par la Scandinavie.

“L’Écosse n’est pas du tout isolée. Au contraire, elle se fait vraiment une place sur l’échiquier européen.” – Erell Le Chanjour.

Erell Le Chanjour insiste sur un point : l’Écosse n’est pas un territoire en marge. Le pays souhaite affirmer son rôle sur le plan politique, dans l’Europe médiévale. En effet, malgré sa situation géographique insulaire et outre sa proximité évidente avec l’Angleterre ou l’Irlande, le royaume d’Écosse dispose de connexions très fortes avec les pays continentaux d’Europe de l’Ouest. Le pays a par exemple tissé des liens très forts avec le Royaume de France, notamment la Bretagne ou la Normandie, mais aussi avec le Saint Empire Romain Germanique, entre autres. En parallèle, Erell Le Chanjour revient avec vous sur l’influence de la Norvège, dont Théo Dilis vous dressait justement le portrait au XIIème siècle, dans l’épisode 95 de Passion Médiévistes.

Les relations avec l’Angleterre

“Non. L’Écosse n’est jamais en paix avec l’Angleterre… ” – [rires] Erell Le Chanjour.

Sur le plan politique, l’invitée vous décrit la relation complexe entre l’Écosse et l’Angleterre et les qualifie de “sœurs ennemies”. Les deux pays ont, entre autres, tissé des liens commerciaux très forts. Sur le plan démographique, Erell Le Chanjour mentionne que l’Écosse n’est pas un territoire très peuplé. À l’instar de la majorité des sociétés médiévales qui l’entourent, c’est une société féodale.

Erell Le Chanjour vous montre notamment comment les relations entre les deux nations ont été influencées par l’invasion de Guillaume le Conquérant, star de notre épisode de Super Joute Royale spécial Bretagne VS Normandie. En effet, si à la suite de son invasion normande, Guillaume se concentre principalement sur l’unification de l’Angleterre, Erell Le Chanjour explique qu’il est forcé d’affronter Malcolm III, alors roi d’Écosse. À la suite de cet épisode, l’Écosse est ainsi soumise à l’influence anglo-normande qui envahit progressivement sa cour et façonne sa structure institutionnelle.

Les évêchés en Écosse au XIIème siècle

Comme vous l’explique Erell Le Chanjour, l’Écosse est entrée en contact avec le christianisme avec l’arrivée des Romains, soit dès le IVème siècle. Par la suite, plusieurs vagues de conversion se succèdent, via l’Irlande et la Bretagne continentale, mais aussi par le biais de missionnaires envoyés par Rome qui est alors devenue le siège de la chrétienté. Ainsi, en Écosse, le roi est chrétien depuis la seconde moitié du VIIIème siècle.

À partir du XIème siècle, le pouvoir royal écossais multiplie les évêchés sur l’ensemble de son territoire. Erell Le Chanjour insiste ainsi sur le rôle primordial que joue l’Église dans les guerres d’indépendance écossaises. Elle cite l’intervention des évêques de Glasgow et de Saint Andrews qui ont soutenu William Wallace et couronné le roi d’Écosse, Robert Bruce. En effet, à l’époque médiévale, l’Écosse n’abrite aucun archevêché sur son territoire, c’est-à-dire qu’elle dépend de celui de York, en Angleterre. Les évêques ont donc la volonté de s’affranchir de l’autorité anglaise qui profite de cet avantage pour s’immiscer dans les affaires écossaises.

“On a très peu de sources [en Écosse] avant le XIIème siècle [… et à l’heure actuelle] on ne peut pas toutes les lire.” – Erell Le Chanjour.

Erell Le Chanjour avoue qu’il est difficile de savoir avec précision quelle était la religion en Écosse avant l’implantation du christianisme, même si on peut supposer qu’il s’agissait d’une religion polythéiste. Outre le manque de sources, elle vous confie que certaines, gravées sur des pierres oghamiques, demeurent indéchiffrables à ce jour, rendant difficiles les recherches historiques en lien avec cette question.

Pour en savoir plus sur le sujet de l’épisode, on vous conseille de lire :

Sur l’histoire de l’Écosse

• Michel Duchein, Histoire de l’Écosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, Texto », 2020.
• Jean-François Dunyach, Histoire de l’Écosse, Paris, Presses universitaires de France, « Que sais-je ? », 2023.
• Jean-Philippe Genet, Les Îles britanniques au Moyen Âge, Paris, Hachette, « Carré Histoire », 2005.  
• Histoire des îles britanniques, Stéphane Lebecq (dir.), Paris Presses universitaires de France, « Quadrige », 2022, 3e édition.

Sur les évêques et l’évolution de l’espace du diocèse

• Espace du diocèse. Genèse d’un territoire dans l’Occident médiéval (Ve-XIIIe siècle, Florian Mazel (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008.
• Florian Mazel, L’Évêque et le Territoire. L’invention médiévale de l’espace (Ve-XIIIe siècle), Paris, Seuil, « L’Univers historique », 2016.