Mes recherches en histoire médiévale
Sur quoi ont porté mes recherches en histoire médiévale ?
J’ai toujours pensé que mon sujet de recherches ne méritait pas un épisode. Mais lors de la campagne du carnet Passion Médiévistes en avril 2024, vous avez débloqué le palier « Escargot », et j’avais promis qu’avec cet objectif atteint, je ferais cet épisode.
Alors le voici, et je ne suis pas seule, j’ai demandé de l’aide à mon camarade Albert Leparc (que vous entendez souvent dans le podcast, dans Jeux vidéo & Moyen Âge et Super Joute Royale). C’est un épisode particulier, j’espère qu’il vous plaira, et bonne plongée dans la codicologie !
Des recherches en 2016
Tout d’abord il convient de rappeler que les recherches dont je parle étaient lors de ma première année de master en 2016. J’espère donc que vous pardonnerez mes (nombreuses) approximations et la faible qualité de mes recherches. Je le dis moi même dans l’épisode, je ne me destinais pas à la recherche, c’était surtout une grande curiosité. Je n’ai eu qu’un mémoire d’étape à rédiger, donc seulement trente pages maximum demandées, à quoi se rajoutent les annexes et la bibliographie. Il était intitulé : « Le document de gestion de la seigneurie de Mortagne à la fin du XIIIème siècle ».
À l’origine de ces recherches, un article d’Armand d’Herbomez, intitulé « Un livre de raison au XIIIe siècle », paru en 1894. Cet historien a étudié toutes les archives concernant la seigneurie de Mortagne et de Tournai, situées à la frontière entre la France et la Belgique. Et en parcourant celles des Archives nationales à Paris, il est tombé sur ce manuscrit, mais n’en a fait qu’un article. Il décrit son fond et sa forme, et je suis partie de ses analyses pour rédiger mon mémoire.
La seigneurie de Mortagne
J’ai fait un petit point dans mon mémoire sur le contexte géographique, la région de Tournai à la frontière entre la Flandre et le royaume de France, et historique, notamment avec les conflits entre le comte de Flandre et le roi Philippe le Bel. Je me suis ensuite concentrée sur l’histoire de la seigneurie de Mortagne en prenant comme bornes les années mentionnées dans le manuscrit, de 1271 à 1300.
Fait important, le seigneur Jehan est mort en 1279 avec pour seule héritière sa fille Marie, encore mineure, à priori même pas dix ans. Ses oncles deviennent donc ses tuteurs et gèrent la seigneurie à sa place jusqu’à sa majorité, à priori en 1291. Un point intéressant de l’histoire de la seigneurie de Mortagne est la façon dont elle fut cédée au roi de France en 1313-1314, racontée par l’historien Robert Fawtier dans son article « l’aventure de la Dame de Mortagne« .
Passion codicologie
Dans une troisième partie de mon mémoire, j’ai décrit le manuscrit à l’aide de la codicologie, la science de description des manuscrits. Le manuscrit de la seigneurie de Mortagne est actuellement conservé aux Archives nationales à Paris, sa côté est J529 n°55. Dans les Archives Nationales, la section J regroupe les archives du Trésor des Chartes, et parmi les nombreuses layettes, la J28 et la 529 rassemblent les archives qui concernent Mortagne-du-Nord et Tournai pour la période 1239-1314.
Le manuscrit mesure 24,5 cm de haut et 18 cm de large, et il est composé de 40 feuillets de parchemin, dont une dizaine sont restés blancs, sans inscriptions ni écritures. Il a une jolie couverture en parchemin non dégrossi qui relie ses sept cahiers. Son organisation interne est intéressante, avec une table des matières, six petits marque-pages, des signets en queue de charte plus précisément, et trois petites cordelettes entre certains feuillets. Particularité de ce manuscrit, il est rédigé en ancien français et en ancien picard. A la fin du XIIIème siècle la langue vulgaire est assez peu présente dans les actes, mais c’est là le résultat de l’influence française sur la région.
Pour en savoir plus sur le sujet de l’épisode, on vous conseille de lire :
- L’article de 1894 d’Armand d’Herbomez sur le manuscrit de la seigneurie de Mortagne
- L’aventure de la Dame de Mortagne, Fawtier Robert, Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1950, 94-4, pp. 387-392
- Un article à propos de mon mémoire écrit sur mon blog d’étudiante en 2016 (dont je me suis inspirée pour l’article de cet épisode)
- Le séminaire de codicologie de l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne