Comment se documenter et valoriser le patrimoine breton bâti du Moyen Âge ?

Pour cet épisode hors-série, je reste en Bretagne suite à l’épisode 110 pour vous présenter le patrimoine breton, mais nous allons surtout nous intéresser au patrimoine bâti et architectural à partir des recherches et des sujets de prédilection de mes invitées.

Cet épisode a été enregistré en public à l’occasion de la Fête des remparts à Dinan qui l’a financé. Je remercie d’ailleurs l’équipe pour leur accueil et l’organisation de cet événement !

Pour parler du patrimoine bâti breton j’ai le plaisir de recevoir :

• Agathe Millard, master à l’université de Bretagne Occidentale à Brest. Elle rédige un mémoire sur les ossuaires en Bretagne à la fin du Moyen Âge. Les ossuaires sont des bâtiments accolés aux églises ou aux cimetières où l’on dépose les ossements des paroissiens quand il n’y a plus de place. Agathe Millard souhaite faire un inventaire pour pouvoir ensuite étudier des ossuaires précis.
• Clémence Blanchard, master à l’Université d’Angers. Elle effectue un mémoire sur la seigneurie rurale de Rochefort-sur-Loire au XVᵉ siècle du point de vue architectural et patrimonial. Son objectif est de montrer comment fonctionne une seigneurie dans une période de mutation où son autorité se renforce.
• Elise Balch, responsable du service de conservation et de valorisation des patrimoines de la ville de Dinan. Son rôle est de récupérer les informations sur l’histoire de Dinan afin de le rendre compréhensible au grand public.

Se documenter sur le patrimoine bâti breton, entre sources écrites et archéologiques

Pour leurs recherches et la compréhension des espaces mis au jour, mes invitées disposent de nombreuses ressources textuelles. Ce qui permet de rendre compte de l’existence d’un bâtiment et/ou de sa période de construction, ce sont les documents portant sur les dépenses : comment et qui nous payons, qu’est-ce que nous achetons, etc. Par exemple, elles s’intéressent aux grands chartriers ou cartulaires (des gros manuscrits) et les registres paroissiaux notamment.

Nous disposons aussi d’autres documents plus étonnants, comme par exemple le récit de voyage datant du XIIIe siècle, d’El Idriss, un géographe arabe. Ce dernier était parti en voyage pour raconter le monde à son protecteur, le roi de Sicile. Il se rend jusqu’à Saint-Malo, et raconte que Dinan à tous les attributs d’une ville ceinte de rempart. Cette qualification leur fait penser qu’il ne s’agissait à cette époque d’un rempart composite (à base de terre, pierre et de bois).

La valorisation du patrimoine breton

Dès la fin du XIXe siècle, les pouvoirs publics de la Bretagne et notamment à Dinan se sont mobilisés pour la préservation de leur patrimoine. Par la suite, pendant les années 1980, des projets d’achat ont été faits pour pouvoir réhabiliter la visite des remparts de Dinan. La décennie suivante, ils ont réalisé des restaurations qui ont amené l’ouverture des points de remparts. Ils se sont entourés de spécialistes de l’archéologie du bâti issus du CRA et de l’INRAP. Ces interventions ont permis de mettre à jour un espace de réserve de poudre entre les tours de saint Julien et de Lesquen.

Il y a également les inscriptions au patrimoine de l’UNESCO : depuis deux ans, il y a une initiative de dossier venant du Finistère pour les enclos paroissiaux, qui contiennent d’ailleurs des ossuaires, un sujet très intéressant pour mon invité Agathe Millard. Clémence Blanchard note également que les inventaires du patrimoine sont très actifs : il existe notamment un inventaire des fortifications de littoral des années 1818 à la Seconde Guerre mondiale.

Pour en savoir plus sur le sujet de l’épisode, on vous conseille de consulter :