Hors-série 28 – Le Trésor d’Oignies au Musée de Cluny
Découvrez une étonnante collection d’orfèvrerie médiévale qui nous vient de Belgique !
L’invitée de ce hors-série du Passion Médiévistes est Christine Descatoire, conservatrice générale au musée de Cluny et responsable de la collection d’orfèvrerie. Elle vous présente l’exposition « Merveilleux trésor d’Oignies ; éclats du XIIIe siècle » qui a lieu au musée de Cluny jusqu’au 20 octobre 2024 et dont elle est co-commissaire.
Un trésor d’église ?
Pourquoi un « trésor » ? Vous pouvez ranger vos jambes de bois et autres tricornes, cela n’a rien à voir avec un coffre de pirate enfouis sur une île déserte. Au Moyen Âge un trésor d’église est l’ensemble des objets précieux appartenant à un établissement religieux, avec à la fois des objets cultuels (tels que les calices, patènes, autels et reliquaires) et des objets profanes offerts en don.
La richesse et la profusion de ces objets précieux permet de démontrer l’importance du lieu de culte mais peut aussi servir, si le contexte le nécessite, de réserve monétaire.
Le prieuré d’Oignies
Le trésor dont il est question dans l’épisode est celui du prieuré d’Oignies, village belge du bord de la Sambre, qui fut fondé à la fin du XIIe siècle. Il va très vite acquérir une certaine renommée en accueillant dans une communauté de proto-béguines voisine une certaine Marie d’Oignies.
Mystique et ascète ayant travaillé dans une léproserie proche, dès son installation en 1207 elle va attirer dans la région de nombreuses personnes venant chercher conseil ou bénédiction, notamment un futur cardinal qui participera grandement par ses dons à constituer le trésor d’Oignies, Jacques de Vitry. La mort de Marie d’Oignies en 1213 n’arrêtera pas l’afflux de pèlerins et elle sera élevée au statut de bienheureuse par la suite.
Le Trésor d’Oignies, une merveille d’orfèvrerie
Cette renommée permettra au jeune frère de Marie, Hugo d’Oignies, d’installer son atelier d’orfèvrerie au prieuré. Ce sera son atelier qui fabriquera de nombreux objets encore présents dans le trésor, tels qu’un calice ou une patène d’argent. Des reliquaires furent également réalisés pour accueillir notamment les restes de Marie d’Oignies. A cela s’ajoutent les dons de Jacques de Vitry, qui malgré son statut d’évêque de Saint-Jean d’Acre puis de cardinal gardera de fort lien avec le prieuré, au point d’être ramené à Oignies après sa mort pour y être enterré. C’est ainsi qu’on peut retrouver dans le trésor des mitres (coiffes religieuses), ses anneaux épiscopaux ou encore un autel portatif.
Ordinairement exposé en Belgique, au musée des Arts anciens du Namurois, le trésor d’Oignies est présenté dans une exposition dédiée au musée de Cluny jusqu’au 20 octobre 2024, permettant d’apercevoir une trentaine d’objets et de découvrir tout au long du parcours l’histoire de ce prieuré et des personnalités telles que Marie d’Oignies et son frère Hugo ou de Jacques de Vitry.
Merci au Musée de Cluny pour cette belle collaboration et à Tanguy Massin pour la rédaction de cet article !