Les hors-sériesPassion Médiévistes Les épisodes retranscrits

Hors-série 2 – Medieval History for fun and profit

Dans ce deuxième hors-série, Alice Rio nous parle de son podcast Medieval history for fun and profit.

Historienne et “Reader in Medieval European History” au King’s College London, où nous sommes allés la rencontre pour ce hors-série, Alice Rio propose chaque mois dans son podcast Medieval history for fun and profit (chez le studio de podcasts SOAP) de répondre aux questions des auditeurs sur le Moyen Âge. Elle le co-anime avec sa comparse historienne Alice Taylor.

Alice Rio travaille notamment sur l’esclavage au haut Moyen Âge et sur la période carolingienne.

Elle nous raconte la genèse du projet, l’envie de créer un podcast pour vulgariser le Moyen Âge et sortir des carcans de la communication plus universitaire. Elle nous parle aussi de sa vision de la podcastphère anglaise.

Alice Rio vous a conseillé le podcast anglais History of philosophy without any gaps sur l’histoire de la philosophie.

Transcription du Hors-Série #2 (cliquez ici)

Hors-série 2 – Medieval History for Fun and Profit

 

Le site on-soap.com cité dans cet épisode n’existe plus, et donc les épisodes ne sont plus disponibles sur les sites de podcast, mais vous pouvez les retrouver en téléchargement libre sur archive.org (cliquer sur le lien)

 

[Introduction] Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans ce deuxième hors-série de Passion Médiévistes. Comme dans le précédent hors-série au Musée de Cluny, je suis allée hors les murs de mon studio habituel, au King’s College London, à Londres, pour rencontrer Alice Rio. Alice Rio est historienne et médiéviste et ensemble nous avons parlé de son podcast Medieval History for Fun and Profit, de la perception du Moyen Âge en Angleterre, de sa manière de préparer ses épisodes et de la podcast-sphère anglaise. Allez, c’est parti !

 

[Fanny Cohen Moreau] Bonjour Alice Rio.

 

[Alice Rio] Bonjour.

 

[Fanny Cohen Moreau] Tu es donc historienne et tu enseignes ici au King’s College of London. Depuis quelques mois, tu as créé un podcast, qui s’appelle Medieval History for Fun and Profit, avec l’historienne Alice Taylor. J’aimerais que tu me parles de ton parcours d’historienne, donc d’historienne médiéviste, et de comment tu as eu l’idée de créer ce podcast.

 

[Alice Rio] Moi, à priori, je suis une historienne complètement conventionnelle, en fait. Je travaille sur des choses très très pointues, et tout le monde s’en fout en fait à priori [rires]. Enfin non, c’est pas vrai, j’ai des gens qui m’aiment, ma famille et tout ça…, et d’autres spécialistes, mais bon, quand on écrit quelque chose en histoire médiévale, il faut accepter que à priori, ce sera vraiment important et intéressant pour 15 à 20 personnes dans le monde. Quand t’écris, je sais pas, un article, et quand t’as de la chance, ça aura un impact un peu plus grand.

 

Au début, je travaillais sur des manuels de notaires, du très très Haut Moyen Âge. C’est une période où il y a très très peu de vrais documents. Enfin ils ont tous disparu, brûlé, il leur est arrivé des avanies sans fin, mais par contre, il reste ces manuels où des notaires écrivaient des documents qu’ils pensaient utiliser plus tard, qu’ils pensaient pouvoir réutiliser. Donc il y a des tas d’histoires de vols, de meurtres, de viols, de trucs comme ça. Et donc c’était ça qui m’intéressait, et donc j’ai travaillé surtout sur l’écrit légal au très Haut Moyen Âge, époque mérovingienne, carolingienne. Et puis après, mon deuxième livre, c’était sur l’esclavage, après la chute de l’Empire Romain. Donc à priori, c’est pas des sujets ennuyeux, mais quand on écrit un livre dessus, qui doit satisfaire les exigences du public universitaire, ça se traduit pas forcément en quelque chose qui est accessible.

 

Ça m’intéressait de faire quelque chose qui soit plus accessible. Enfin d’abord parce que j’aime beaucoup l’histoire médiévale, j’aimerais bien la faire partager. Et en même temps, c’était aussi parce que je me suis rendue compte,… en fait, tout ça c’est arrivé avec l’anniversaire de la Grande Charte en Angleterre. Et alors c’est là que j’ai vu la différence énorme – c’était une grande chance pour les médiévistes, c’est le moment où on pouvait dire « ça y est, ça y est, on a quelque chose à dire qui compte et qui est intéressant, et les gens s’y intéressent miraculeusement juste pour cette année, donc ça y est, il faut s’y mettre ».

 

Moi je travaille pas du tout là-dessus donc de toute façon, ça comptait pas pour moi, mais c’est là que j’ai vu par l’activité de mes collègues, à quel point il y avait une distance énorme entre ce que les gens veulent savoir sur l’histoire médiéval et ce que les historiens ont à dire, en général. Et donc c’est pour ça que je me suis dit que ce serait bien de faire un podcast où, au lieu de décider nous-même ce qui est important – parce que c’est souvent comme ça en fin de compte, il y a quelques séries de podcast sur le Moyen Âge, ou même des livres pour le grand public, des choses comme ça, ça a toujours tendance à être un choix de sujet qui limite à priori ce dont on parle.

 

Et donc je m’étais dit que ce serait pas mal de faire un podcast ou en fait on préjugeait pas du tout de ça et on demandait simplement aux gens ce qu’ils voulaient savoir. Et donc même les questions les plus farfelues ou les plus bizarres, par exemple « Si je remontais dans le temps, que j’apparaissais avec mes vêtements de maintenant et en parlant comme je parle maintenant, est-ce qu’ils me tueraient tout de suite ? » [rire], enfin des questions comme ça. Et donc ce serait marrant de faire ça comme ça, d’être un peu expert, mais sans décider à priori des sujets qu’on aurait à traiter.

 

[Extrait de l’épisode 8 – Pets]

[Alice Taylor] Welcome to episode 8 of Medieval History for Fun and Profit. A podcast where we, two medieval historians, answer questions from you, listeners, about anything and everything to do with the middle-ages. And we are sponsored by Soap, that’s on-soap.com, an online content website with podcasts, articles, etc, etc. I am Dr Alice Taylor, and…

[Alice Rio] I am Dr Alice Rio.

[Alice Taylor] I managed to say my own name. The last time I introduced the podcast I decided I was you.

[Alice Rio] That’s fine. You can be that whenever you like as long as I can take the credit.

[Alice Taylor] Oh that’s so nice.

 

[Traduction libre]

[Alice Taylor] Bienvenue dans l’épisode 8 de Medieval History for Fun and Profit. Un podcast dans lequel nous, deux historiennes médiévistes, répondons à vos questions sur tout et n’importe quoi concernant les moyens-âges. Nous sommes soutenues par Soap, c’est-à-dire on-soap.com, un site web proposant des contenus en ligne tels que des podcasts, des articles, etc., etc. Je m’appelle Dr Alice Taylor, et

[Alice Rio] Je m’appelle Dr Alice Rio.

[Alice Taylor] J’ai dit mon propre nom cette fois. La dernière fois que j’ai présenté le podcast, j’ai décidé d’être toi.

[Alice Rio] Pas de souci. Tu peux être moi quand ça te plait, tant que je reçois tout le crédit.

[Alice Taylor] Oh, c’est vraiment sympa.

 

[Fanny Cohen Moreau] Vous prenez une question, une thématique, comme le sexe, les animaux de compagnie, et pendant une demi-heure, vous faites un peu des questions-réponses pour développer sur le sujet et donner aussi des anecdotes.

 

[Alice Rio] Oui, c’est ça, on fait ça ensemble depuis le début, parce qu’on fait des cours ensemble aussi. On fait un cours, notamment, qu’on a appelé la Sociologie du Moyen Âge, où on parle de choses très différentes, sur la présentation de soi, sur la manière dont les gens essaient de présenter et de construire leur identité sociale. Et ça nous a amenées à parler de tas de trucs différents et divers. Et donc c’est un peu ça qu’on a fait aussi pour ce podcast. On choisit en fait nos anecdotes préférées. Évidemment, moi je parle plutôt du haut Moyen Âge, elle, elle parle plutôt du Moyen Âge central et plus tardif, parce que c’est sa spécialité, mais enfin on parle de choses qu’on aimerait bien faire partager. En fait c’est surtout ça.

 

[Fanny Cohen Moreau] Comment s’est passée la création du podcast ? Comment vous avez décidé d’en faire un ? Concrètement, comment vous enregistrez ? Donc j’ai pu comprendre que vous êtes en collaboration avec un studio de podcast qui s’appelle Soap, un studio anglais. Est-ce que tu peux me raconter comment ça se passe ?

 

[Alice Rio] Oui, il s’appelle On-Soap, c’est un site. Et en fait, je les connais de manière absolument pas liée au travail mais ils sont liés à une école de comédie et donc ils font des podcasts, enfin des articles qui sont essentiellement des articles et des podcasts de comédie, mais ils cherchaient à diversifier un petit peu leur programme et donc j’avais appris ça et j’avais appris qu’ils laissaient utiliser un studio en échange d’épisodes pour leur site. Et donc je leur ai proposé ça, et donc ils ont dit oui [rire]. Et donc on fait ça depuis. Donc c’est plutôt ça qui nous a fait penser que ce serait facile à faire, pourquoi pas essayer. C’était pas quelque chose qu’on brûlait vraiment d’envie de faire, on allait trouver un moyen à tout prix, mais bon, il y a eu cette occasion et on s’est dit pourquoi pas, ça marcherait peut-être bien.

 

C’était assez agréable de faire ça aussi parce qu’on avait aucune idée au départ. Si personne l’écoutait, c’était pas grave. Ou si ça ratait totalement. Enfin, si on avait essayé et que c’était complètement foireux et que c’était nul, au pire on l’aurait simplement pas mis sur le site et puis c’est tout. Ça aurait été juste un essai raté. Donc il y avait très très peu de pression sur nous au départ, c’était assez agréable. C’est juste un peu une extension d’une conversation naturelle qu’on aurait sans doute, peut-être un peu plus structuré qu’une conversation normale qu’on aurait toutes les deux, avec un café mais bon, c’est un peu ce style là.

 

[Fanny Cohen Moreau] Et est-ce que vous avez déjà écouté des podcasts qui parlaient d’histoire, pour vous imprégner ? Est-ce que vous aviez une idée de la forme que vous vouliez faire ou c’était un peu une improvisation autour d’une conversation ?

 

[Alice Rio] À priori, non on en a pas tellement… enfin si, on en a écouté, mais qui étaient un peu différents. C’est-à-dire, c’est souvent,… Un podcast que je trouve très très bien, c’est,… il y en a un qui s’appelle History of Philosophy Without Any Gaps, sur l’histoire de la philosophie depuis les présocratiques jusqu’à à priori maintenant mais ça va leur prendre longtemps avant d’y arriver [rire], qui a aussi une série sur la philosophie islamique, sur la philosophie en Inde. Ça, c’est une série que je trouve vraiment bien, et vraiment admirable, faite par Peter Adamson.

 

Donc ça, c’était un modèle que j’avais à l’esprit, mais plutôt dans le genre de style ou d’engagement parce que lui, il est tout seul, le type qui présente. Donc il fait juste un truc écrit qu’il lit. Et je crois que c’est souvent comme ça pour les – peut-être que je me trompe, parce que je suis pas experte du tout en podcast d’histoire, peut-être d’ailleurs que j’aurais dû en écouter plus [rires] que je l’ai fait avant qu’on ait commencé à faire ça. Mais j’ai l’impression que c’est plus souvent fondé… enfin que l’inspiration, c’est plus la radio traditionnelle. Donc on demande à quelqu’un de parler pendant un certain temps sur quelque chose qu’ils connaissent très très bien et qu’ils ont préparé d’avance, où ils ont un texte qui doit être efficace et professionnel, dans le sens où on est pas du tout comme ça [rires], comme tu as dû le remarquer.

 

En fait, les podcasts de conversation, je crois qu’il y en a plus aux États-Unis, donc j’écoute beaucoup de podcast politiques, enfin d’actualité, ou de commentaires de ce genre, où effectivement, c’est plus comme ça, où c’est plus des vraies conversations. Mais c’est possible qu’il y ait des podcasts avec des vraies conversations en histoire du même style. D’ailleurs, je sais qu’il y en a, mais qui sont pas en histoire médiévale, qui sont pas exactement la même chose.

 

[Fanny Cohen Moreau] Tu me le disais un peu tout à l’heure, en Angleterre, il y a beaucoup de podcasts surtout humoristiques. Est-ce que tu en écoutes, et à part ces podcasts humoristiques, comment vit un peu en ce moment la podcast-sphère anglaise ?

 

[Alice Rio] Il y en a quelques-uns. C’est souvent, souvent humoristique. Il y a les podcasts qui sont en fait simplement des émissions radio, enfin des extensions d’émissions radio. Je crois que c’est encore ceux-là qui ont le plus de succès, qui sont le plus écoutés. C’est ceux qui sont attachés à la BBC, à leurs programmes de radio là. Et sinon, c’est aussi une manière dont les comédiens se font connaître, quelque fois je crois. Mais je crois, le but, c’est d’arriver à la radio, dans un sens, pour beaucoup de ces podcasts.

 

Mais sinon, il y en a de plus en plus, mais dans des niches différentes, donc je sais pas si on peut vraiment parler de sphère, ou si c’est des dimensions parallèles plutôt, ou ça a des fonctions vraiment différentes selon ce qu’on fait. Donc si on regarde sur iTunes, en Angleterre, c’est essentiellement de la comédie, ou ça peut-être des gens qui sont célèbres autrement qui font un podcast, mais il y en a d’autres qui sont bien aussi, qui sont complètement différents. Il y en a un qui s’appelle The Guilty Feminist, par exemple, où c’est fait live devant un public. Et je crois qu’il y a pas beaucoup de gens qui écoutent quand même, enfin je pense, dans l’ensemble. Enfin maintenant ça commence. Il y a par exemple,… il y a au moins un journal que je connais, mais sans doute d’autres, qui s’appelle The Guardian, qui a régulièrement une espèce de petit truc critique sur les podcasts à écouter. Je crois que ça commence à décoller, mais pas encore arrivé, enfin comme forme vraiment mainstream, c’est pas encore là.

 

[Fanny Cohen Moreau] Et pour revenir à votre podcast Medieval History for Fun and Profit, quels sont les retours que vous avez commencé à avoir ? Est-ce que vous savez un peu quels genres de personnes vous écoutent ? Est-ce que ce sont des personnes qui ne connaissent pas forcément l’histoire ou est-ce qu’il y a des gens, des historiens, même, qui vous écoutent ?

 

[Alice Rio] C’est difficile à savoir. Je crois que la dernière fois qu’on a vérifié qui y était – on avait juste mis l’épisode 12 – je crois qu’on avait 1 200 écoutes par épisode. Et je crois qu’on avait un peu moins de 500 abonnés sur iTunes. Donc c’est déjà nettement plus de personnes. Ça nous a un petit peu effrayé d’ailleurs [rires]. Parce qu’au départ, on pensait,… en fait, on était assez naïves, parce qu’on avait aucune idée,… on avait fait ça parce qu’on trouvait que ça serait marrant, on avait aucune idée de qui écouterait ou si quelqu’un écouterait. Bon, d’abord, on s’attendait pas du tout à ce que des universitaires l’écoutent.

 

Ça aussi, on a eu un peu une réaction ambiguë quand on a appris qu’il y avait des historiens qui l’écoutaient, des gens qu’on connaissait. Mais bon je crois qu’il y a en général une sympathie pour le projet. Et bon, aussi dans un sens parce que c’est moins compromettant que d’écrire un livre à grand public, quand on est historien, parce qu’un livre, bon c’est la même chose que ce qu’on écrit, enfin des trucs très pointus de recherche, et souvent on est un peu jugées, quand on est un historien professionnel qui écrit un livre à grand public. Sauf quand c’est quelqu’un comme Jacques Le Goff ou quelqu’un de reconnu.

 

Mais pour un podcast, parce que c’est une forme qui ne sert qu’à ça, enfin où il n’y a aucun autre usage pour cette forme, il y a pas vraiment de contamination. Les autres universitaires qu’on connaît avaient plutôt de la sympathie pour le projet, en tout cas de ce qu’ils nous ont dit. Peut-être qu’il y en a d’autres qui pensent « Aaaah, vraiment c’est nul ! » mais qui ne nous l’ont pas dit.

 

On a quelques uns de nos étudiants qui écoutent, ça aussi c’était un peu bizarre d’apprendre ça [rires]. Mais sinon c’est très très divers. En général, c’est des gens très sympathiques. On les connait surtout par Facebook et Twitter. Il y en a pas mal aux États-Unis qui écoutent. Il y en a qui font des jeux, par exemple, qui s’intéressent aux émissions, j’imagine qu’ils utilisent ça un peu – enfin j’espère – comme source pour leur donner des idées peut-être, ou pour, je sais pas, penser à ce qu’ils pourraient inclure.

 

Enfin il y a plein de gens qui font des choses très très diverses et qui posent en général de très bonnes questions. Donc c’était vraiment agréable de voir qu’il y a des gens vraiment différents qui ont aucun intérêt professionnel là-dedans, qui posent des questions vraiment intéressantes, qu’on se serait pas posées nous-mêmes forcément. Le résultat, c’est qu’on se sont connectées beaucoup plus, parce que les premières questions, on les a générées simplement en demandant à des gens qu’on connaissait mais qui n’étaient pas médiévistes. Ou des amis d’amis, en fait, les mieux, parce que c’est pas des gens qui disent « Ah ouais je vais te demander ça parce que tu m’en parlent, tu m’ennuies avec ça depuis je sais pas combien de temps, je vais te poser une question là-dessus. » Mais donc, les amis d’amis, c’était un peu notre meilleure source pour les questions de départ. Mais depuis, on en a eu plein plein sur Twitter, par exemple, ou Facebook, qui étaient vraiment intéressantes..

 

[Fanny Cohen Moreau] Comment vous sélectionnez vos sujets et comment vous préparez vos émissions ?

 

[Alice Rio] Alors ça dépend d’où on en est dans l’année universitaire. Donc quand c’est octobre, c’est vraiment dur. Donc on a tendance à sélectionner des questions où on sait déjà pas mal de choses dessus. Par exemple, j’en ai fait un sur les esclaves, qui était plus général, mais qui était lié au livre que je venais d’écrire. Alice en a fait un sur Henry le jeune roi, où je crois qu’elle a – elle va m’engueuler si je me rappelle pas bien – je crois pas qu’elle ait écrit quelque chose dessus, mais elle s’y intéresse depuis longtemps. Ou aussi sur la justice, c’est le plus récent. Et là aussi, on a toutes les deux beaucoup travaillé là-dessus.

 

Quelques fois, on choisit des sujets qui sont plus faciles en question de recherche, et puis quelques fois aussi, quand on se sent un peu plus ambitieuses ou quand c’est l’été, et qu’on a fini les corrections [rires], on a fait des trucs qui étaient plus… où vraiment je savais pas du tout par où commencer. Par exemple, celui sur les animaux domestiques… bon j’avais quelques souvenirs vagues d’animaux, comme ça, que j’avais vus dans des sources ici et là, mais j’avais jamais lu de livres sur les animaux domestiques. Ben là j’en ai lu un. Donc en fait, l’idée pour le podcast, c’est moins qu’on est expertes en tout, puisqu’évidemment on l’est pas, forcément, je crois que c’est assez apparent. Mais ce qu’on sait faire, c’est la recherche, assez rapidement, et on sait à peu près où aller chercher les informations.

 

[Extrait de l’épisode 8 – Pets]

[Alice Rio] Actually, they love pets

[Alice Taylor] Did they?

[Alice Rio] They love pets, they have so many. This is obviously very much kind of based on social status, so you’d be more likely to have working animals if you were quite low down, or if you had a cat when you were a peasant, it would probably be to hunt mice, rather than because you really love cats. So, there is a kind of emphasis that’s different, and like real pets, as in totally useless animals [laughs], are more elite level.

[Alice Taylor] Is that a definition?

[Alice Rio] That is a definition.

[Alice Taylor] « Totally useless animal »

[Alice Rio] But you know what I mean. But sometimes they’re valued for that. So there is an 11th-century poem by a man called Theodric of Saint-Tronc, who writes a poem about Petulous, who is his little dog, who is praised for having no purpose other than to play, which I think is really cute.

 

[Traduction libre]

[Alice Rio] En fait, ils adorent les animaux.

[Alice Taylor] Vraiment ?

[Alice Rio] Ils adorent les animaux. Ils en ont tellement. C’est évidemment dépendant du statut social ; si vous êtes en bas de l’échelle, vous auriez plus probablement des animaux utiles. Ou si vous étiez paysan et que vous aviez un chat, ce serait sans doute pour chasser les souris, plutôt que par véritable amour des chats. Il y a une sorte d’emphase qui est différente, et les vrais animaux domestiques, les animaux totalement inutiles [rires], se retrouvent plutôt dans l’élite.

[Alice Taylor] C’est une définition?

[Alice Rio] C’est une définition.

[Alice Taylor] « Un animal totalement inutile »

[Alice Rio] Mais tu vois ce que je veux dire. Des fois, toute leur valeur tient à ça. Il existe un poème du XIe siècle, d’un homme du nom de Theodric de Saint-Tronc, dans lequel il écrit sur Pétulant, son petit chien, qui est vanté pour simplement n’avoir aucun autre intérêt que de jouer, ce que trouve vraiment mignon.

 

[Fanny Cohen Moreau] Vous avez quand même une crédibilité en étant professeures d’histoire médiévale, ça explique aussi que ça marche autant. Les gens croient ce que vous dites, parce qu’ils savent que vous avez fait des recherches, que ça peut vraiment être sourcé.

 

[Alice Rio] Oui, je crois que ça a à voir avec ça. Je crois que c’est aussi peut-être une question de ton. Je sais pas trop… enfin je sais que ça nous donne un avantage dans le sens où ça nous permet de parler de choses peut-être plus obscures, de faire des liens, qu’un historien pas professionnel ne ferait pas forcément. Donc je crois que la différence, c’est peut-être que… enfin il y a beaucoup de podcast faits par des gens qui sont pas professionnels, qui sont juste des enthousiastes – enfin je dis « juste des enthousiastes » – et qui font beaucoup beaucoup de boulot.

 

Il y a comme ça des podcast qui font l’histoire du Moyen Âge, en commençant du début en allant jusqu’à la fin, et dont c’est pas l’activité professionnelle de base. Donc ça, j’ai vraiment de l’admiration pour ça, c’est vraiment pour l’amour pur. Mais je pense que la différence dans un sens, c’est peut-être qu’on peut mettre en contexte plus automatiquement, enfin qu’on sait peut-être plus faire des liens entre des choses qui viennent d’époques très différentes, et de catégoriser ça ou de comparer d’un bout de l’époque médiéval à l’autre, peut-être, plutôt que de parler d’un sujet de manière plus pointue.

 

Donc peut-être que c’est ça qui fait la différence entre notre podcast et d’autres, parce que, on a pas du tout, par exemple, de structure narrative. On fait pas un développement du début du Moyen Âge jusqu’à la fin. On choisit simplement des exemples. On parle de grands thèmes. Je sais pas, peut-être que c’est parce qu’on est prof en histoire médiévale qu’on se donne le luxe d’être moins rigoureuses [rire] avec le sujet, et simplement de parler de trucs qu’on trouve amusants ou révélateurs ou qu’on trouve qui aillent ensemble. Mais bon, peut-être aussi, c’est simplement de se sentir plus libres d’avoir une conversation libre.

 

[Fanny Cohen Moreau] Je voulais savoir un peu comment ça se passe la préparation avec Alice Taylor, parce que dans votre podcast, la conversation est très fluide et tu m’as dit que vous écriviez pas, mais c’est très spontané, et après, il y a aussi, ce que tu disais, un ton anglais qu’on a peut-être pas encore assez en France, qui fait que vous parlez de façon vraiment très naturelle, et c’est vraiment très agréable à écouter.

 

[Alice Rio] Au départ, on a fait ça pour s’amuser, nous aussi. C’était un peu pour voir ce que ça donnerait si on,… parce que c’est comme ça qu’on se parle normalement, enfin pas toujours des mêmes sujets [rires]. Mais c’est plus ou moins comme ça qu’on discute, de tout façon, donc je suis contente si ça t’est fait naturel parce que je pense que ça l’est. Ce qu’on fait pour préparer, c’est qu’on lit des choses, on prend quelques notes avec nos exemples préférés, et des trucs qu’on aimerait bien glisser dedans, et c’est ça un peu. Mais en général, on regarde pas les notes quand on se parle.

 

Ce qu’on fait en général, bon, on a un processus très scientifique, où on se trouve au début pour déjeuner et pour boire du prosecco [rires]. Après, dans le pub, au-dessous du studio, c’est développé sur plusieurs sessions d’enregistrement, mais c’est un rituel qui marche. Et donc, on parle un petit peu du sujet, on dit « un truc dont j’aimerais vraiment parler, c’est ça » et puis après, on monte [au studio] et on commence à parler. Donc je crois qu’ au début, on a une idée vaguement de ce,… parce qu’on prend chacune la responsabilité pour une question.

 

On enregistre deux épisodes à la fois. En général c’est Alice qui commence, et moi je fais le deuxième. Et donc, il y a une personne qui répond à la question, et l’autre qui est un peu interviewer, qui pose les questions, qui parfois aussi donne des exemples quand il y a des exemples plutôt dans leur périodes, ou des exemples qu’elle connait mieux, par exemple.

 

[Fanny Cohen Moreau] Donc c’est ça qui fait que c’est assez fluide ?

 

[Alice Rio] Enfin c’est plus dirigé quand même qu’une conversation totalement libre, mais en même temps l’interaction, elle est réellement spontanée, même si le sujet, on en a déjà une vague idée. Mais souvent, il y a aussi des histoires, enfin il y a des choses qu’on a absolument pas,… dont on a absolument pas discuté à l’avance.

 

[Fanny Cohen Moreau] Comment vous voyez la suite du podcast ? Est-ce que vous avez prévu de continuer ça pendant encore des mois ? Vous donnez pas de fin encore, pour l’instant ? Et comment vous sentez la suite du podcast ?

 

[Alice Rio] Ben on a pas vraiment de fin en vue mais c’est plutôt parce qu’on n’y a pas réfléchi. Donc ça dépend quand on aura… Peut-être qu’on va faire des séries, si à un moment on est vraiment débordées et qu’on sent qu’on fait plus que des sujets qu’on connait déjà par cœur, ce sera moins amusant, donc peut-être qu’on va faire une pause. Au rythme où vont les questions, à priori je vois pas de raison qu’on s’arrête, sauf si les questions se tarissent ou deviennent un peu toujours la même chose, peut-être qu’on va arrêter.

 

Ce qu’on aimerait bien faire, peut-être ce serait avoir des hors-série ou si quelqu’un, par exemple, à des questions, qu’ils écrivent un roman ou essaient de… ou écrivent un jeu, ou essaient d’écrire un scénario, quelque chose comme ça et qui veulent poser des questions spécifiques pour développer ça, on aimerait bien faire une émission de temps en temps où ils nous posent toutes les questions qu’ils veulent. Donc on va peut-être faire un appel sur Twitter ou Facebook à un moment pour faire ça.

 

On aimerait bien avoir des invité‧es quelques fois je crois, juste pour que ça change, que ce soit pas toujours toutes les deux. Enfin c’est peut-être juste une impression fausse, mais j’ai l’impression que le podcast s’améliore, enfin au fur et à mesure qu’on le fait, et donc je crois qu’on va attendre, on va encore faire plusieurs semaines comme ça, pour voir comment ça se passe puis après on va peut-être essayer quelque chose de nouveau, ou faire un format différent.

 

[Fanny Cohen Moreau] Ils sont plus longs aussi vos épisodes, j’ai l’impression.

 

[Alice Rio] Ils sont plus longs. Ouais, ils commencent à être de plus en plus longs. Non, ouais, faudrait arrêter ça parce que au-delà de 40 minutes… parce que dans l’idéal, ce serait la longueur qu’il faut pour faire un trajet standard au boulot. À Londres, 40 minutes, c’est court, cela dit [rires]. On veut pas non plus faire un truc interminable, où il faut écouter en plusieurs fois. Donc, en tout cas, au-dessous de 40 minutes, je vais m’engager ici à ne pas faire un podcast plus long que 40 minutes [rires]. Ou autrement on va faire en deux parties. Mais non, parce qu’il faut un peu sélectionner aussi.

 

[Fanny Cohen Moreau] Pour retrouver votre podcast, donc on va sur quel site ? Comment on vous retrouve ?

 

[Alice Rio] Ben le mieux, c’est sans doute iTunes. Autrement, on est aussi sur www.on-soap.com, qui est donc ce site où ils ont tous ces trucs qui sont essentiellement humoristiques, et puis après il y a nous. Et donc, ce sera sous Podcast, il y a un menu où on apparaitra et ils ont tous les épisodes et on peut simplement écouter sur le site si on a pas iTunes ou qu’on peut pas l’utiliser.

 

[Fanny Cohen Moreau] Merci beaucoup Alice Rio pour toutes ces réponses et donc à très bientôt pour un nouvel épisode du podcast Medieval History for Fun and Profit.

 

[Alice Rio] Merci beaucoup, et de même pour Passion Médiévistes, que je suis aussi avidement.

 

[Message de fin]

Si comme Alice Rio, vous voulez suivre Passion Médiévistes, retrouvez-nous sur iTunes, SunCloud, toute application de podcast, mais aussi Facebook et Twitter pour suivre notre actualité. Et moi je vous dit à très bientôt pour un nouvel hors-série ou un nouvel épisode de Passion Médiévistes. Salut.

Merci à Liz et Ilan pour la transcription !