Hors Les MursPassion Médiévistes Les épisodes retranscrits

Hors Les Murs #4 – Le Dijon médiéval

Découvrez les trésors médiévaux de Dijon avec cette visite sonore immersive !

Dans cet épisode du format Hors Les Murs, je vous propose une visite dans le Dijon médiéval en s’attardant sur ses monuments et éléments architecturaux visibles depuis l’espace public. Nous suivons pour cette visite le guide conférencier Clément Lassus Minvielle, qui propose des visites archéologiques de Dijon toute l’année.

Cathédrale Saint-Bénigne de Dijon
Cathédrale Saint-Bénigne de Dijon

Des églises du Moyen Âge

Nous commençons cette visite du Dijon médiéval dans la rue du Tilot, en face de l’église Saint Philibert. Datée du XIIème siècle, son portail latéral sud comporte encore beaucoup d’éléments de cette période. C’est la seule église romane hors sol de cette époque.

Puis nous marchons quelques pas jusqu’à la cathédrale Saint Bénigne, qui date des XIIIème et XIVème siècles. Elle porte le nom de l’évangélisateur de la Bourgogne du IIème siècles et présente un style gothique bourguignon typique de Dijon. C’est en fait une grande abbatiale et elle ne prendra le statut de cathédrale qu’à la Révolution française. Depuis la rue on peut apercevoir ses toitures bourguignonnes, mais dont les couleurs sont celles du XIXème et XXème siècle, il ne subsiste plus de tuiles de l’époque.

Colonne torsadée exceptionnelle dans l'ancien hôtel particulier Berbisey
Colonne torsadée exceptionnelle dans l’ancien hôtel particulier Berbisey (© Emmanuel Large)

Nous nous dirigeons ensuite vers l’hôtel particulier de Berbisey, en traversant le cœur gallo-romain puis médiéval de Dijon et en évoquant l’évolution de sa superficie au fil des siècles. A l’époque médiévale, on estime qu’au maximum une dizaine de milliers de personnes vivent à Dijon. La visite continue ensuite dans la rue Danton, construite à la Révolution sur l’emplacement d’un cimetière médiéval autour de l’église Saint Jean, construite au XVème siècle par le duc Philippe Le Bon. On peut d’ailleurs remarquer sur l’extérieur de l’église des épitaphes qui marquent la présence de sépultures enfouies.

Des hôtels particuliers avec des éléments médiévaux

Hôtel Chambellan de Dijon vu depuis une cour privée
Hôtel Chambellan de Dijon vu depuis une cour privée (© Emmanuel Large)

Nous passons par la rue Brulard, qui permet de relier ce qui était l’ancienne ville de Dijon par un secteur très peu emprunté au Moyen Âge. Cette rue était aussi au croisement d’un ancien cours d’eau, le Suzon, canalisé autour de 1840.

En passant par la rue Sainte Anne, nous entrons dans l’hôtel Maison Philippe Le Bon et ainsi accéder à une partie médiévale de style gothique de l’ancien hôtel particulier Berbisey qui n’a pas connu les coups de la Révolution. Construit jusqu’en 1506 pour Thomas de Berbisey, on peut y voir un oratoire très décoré, avec notamment l’unique colonne torsadée de la ville au format monumental, et de nombreux symboles de la famille de Berbisey. On y trouve aussi un pilier central avec une représentation stylisée du jardin d’Eden,

En sortant, nous nous dirigeons vers le quartier piéton en empruntant la rue du Bourg, ancien emplacement du marché aux animaux. On traverse ensuite la rue de la Liberté, qui n’existait pas avant 1720, la rue Stephen Liegeard avec des façades à pans de bois qui datent du XVème siècle, puis la rue des Forges.

Façade de l'église Notre Dame
Façade de l’église Notre Dame (© Emmanuel Large)

Clément Lassus Minvielle nous propose ensuite un accès privilégié par une cour privée pour voir une ancienne cour de l’hôtel Chambellan, construit autour de 1490, qui conserve encore des éléments de la fin du Moyen Âge, où on aperçoit un côté de la chapelle gothique de l’hôtel.

De grands monuments médiévaux au cœur de Dijon

La "chouette" de Dijon
La « chouette » de Dijon (© Emmanuel Large)

A quelques pas de l’hôtel Chambellan, nous nous attardons face à l’église Notre-Dame, avec un entremêlement de styles gothique et néogothique. Sa façade reprend un style qu’on retrouve jusqu’à Byzance, avec deux galeries, qui s’inspire du style de Pise. Tout en haut de l’église on peut remarquer le jacquemart, qui pour certaines pièces remontent au XIVème siècle.

On ne peut venir à Dijon sans s’attarder sur sa fameuse chouette, sculptée à hauteur d’homme dans la pierre il y a 600 ans sur un des côtés de l’église Notre-Dame. Mais ce n’est en fait ni une chouette ni un hibou mais un blason commémoratif. Aux côtés du volatile on trouve aussi un porc-épic qui serait la représentation du symbole de Louis XII et la salamandre de François Ier, pour signifier le XVIème siècle et la Renaissance française.

Rues médiévales du centre de Dijon
Rues médiévales du centre de Dijon (© Emmanuel Large)

Autour de l’église Notre-Dame on trouve encore des maisons médiévales avec des façades à pans de bois. Elles nous sont parvenues car elles n’ont pas été affectées par les alignements architecturaux de l’époque moderne. On retrouve notamment l’une des plus connues, la maison Milière, du nom de son propriétaire de la fin du XVème siècle.

Dernière étape de la visite dans le Dijon médiéval, l’hôtel des ducs de Bourgogne. Il accueille aujourd’hui le musée des Beaux Arts et peut être visité gratuitement en libre accès. Le site a été beaucoup remanié au cours de l’histoire, mais de l’époque médiévale il subsiste toujours aujourd’hui le corps des logis, la tour d’escalier à vis monumentale de Philippe Le Bon et la tour de Bar. Et la place des ducs de Bourgogne est un excellent point de vue pour observer ce monument.

Dans la cour de l'hôtel des ducs de Bourgogne
Fanny Cohen Moreau et Clément Lassus Minvielle dans la cour de l’hôtel des ducs de Bourgogne (© Emmanuel Large)

Retrouvez les visites archéologiques de Dijon de Clément Lassus Minvielle sur Facebook. Merci à lui pour cette belle balade, à Emmanuel Large pour les photos, So’ pour le soutien et à Cefou pour la carte ci-dessus !

Dans cet épisode vous avez pu entendre les extraits des musiques suivantes :

Si cet épisode vous a intéressé vous pouvez aussi écouter :

Transcription de l’épisode Hors Les Murs #4 (cliquez pour dérouler)

[Fanny Cohen Moreau]

Bonjour à toutes et à tous ! Juste avant de commencer cet épisode, je vous conseille de l’écouter dans des bonnes conditions sonores. En effet, il y a un petit travail d’immersion sonore autour de la visite, donc pour en profiter pleinement, le mieux est de l’écouter dans des conditions calmes, avec pas trop de bruit autour de vous.

Et de plus, j’ai fait un petit plan de la visite si vous voulez suivre pendant que vous écoutez, ou alors peut être après, si vous voulez faire cette visite de votre côté. C’est sur l’article de cet épisode sur le site passionmedievistes.fr, je vous mets le lien dans la description de l’épisode. Bonne écoute !

 

[Générique]

[musique]

[homme] Je suis content que tout le monde découvre, au passage, parce que c’est vrai que, s’il y a un bonheur en fait, de guider, c’est de pouvoir montrer des choses aux gens, et de voir leur visage sourire quand ils voient les choses.

[homme] Hors les murs, le reportage de Passion Médiévistes.

 

[fin générique]

 

[Fanny Cohen Moreau]

Bienvenue à toutes et à tous dans ce nouvel épisode de Hors Les Murs, le format reportage de Passion Médiévistes, où je vous fais visiter avec les oreilles des lieux où le Moyen Âge est encore présent de nos jours.

Je m’appelle Fanny Cohen Moreau et, comme vous avez pu le voir dans le titre de l’épisode, je vous emmène aujourd’hui non pas dans un lieu, mais dans une ville, Dijon ! Nous allons dans cet épisode explorer l’histoire médiévale de la ville de Dijon à travers quelques lieux emblématiques. Et comme guide nous avons Clément Lassus Minvielle. Bonjour Clément !

 

[Clément Lassus Minvielle]

Bonjour ! Merci !

 

[Fanny Cohen Moreau]

Clément, tu es guide-conférencier, tu as un master en histoire spécialisé archéologie, c’est ça ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Exactement oui, à l’université de Bourgogne.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Et avant de nous lancer dans la visite, Clément, est-ce que tu peux nous rappeler, alors question toute simple mais, où c’est Dijon en France ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

C’est une question légitime. On ne sait pas vraiment où c’est. D’ailleurs, quand on passe à côté, on voit les panneaux, on ne s’y arrête pas, c’est normal. Alors, il faut savoir que Dijon, ça se trouve à l’est de la France, on est à peu près à 260 km de Genève. On a Lyon au sud, à 200 km, et on est localisé au sud-est de Paris pour 300 km de distance.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Et bien écoute Clément, je te suis ! Je me prends un petit peu pour Stéphane Bern, fais-nous visiter Dijon !

 

[virgule sonore]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors là, on se situe rue du Tilot, juste en face en fait de la plus ancienne église de Dijon encore debout, une église du XIIe siècle qui a le nom de Saint-Philibert. Alors, elle a aussi quelque chose de remarquable, c’est son portail latéral sud où on peut voir énormément d’éléments de cette même période, c’est-à-dire de la fin du XIIe siècle.

Ça va être la seule église, en fait, qui va être hors-sol de cette période là, une église romane mais il y aura quand même du roman caché dans les structures. Seulement, on ne peut pas y accéder à cette heure-là parce qu’il est un peu tard.

Voici la cathédrale de Dijon. Alors, moi, j’ai tendance à appeler cet édifice plutôt une grande abbatiale, parce qu’on a de cathédrale ici qu’à partir de la Révolution Française si tu veux.

À Dijon, la première cathédrale date de 1731 et ce n’est pas celle-ci, c’est une église qu’on nomme Saint-Étienne. En l’occurrence donc, la cathédrale actuelle a le nom de Saint-Bénigne. Elle date du 13 et 14ème siècles. Elle est encore debout aujourd’hui, miraculeusement hein, elle aurait pu subir les affres de la Révolution. Elle est encore en place et porte le nom en fait de l’évangélisateur de la Bourgogne qui portait le nom de Benignus à l’époque !

 

[Fanny Cohen Moreau]

Et qu’on a francisé aujourd’hui par Bénigne, c’est ça ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Voilà c’est ça, exactement. Et surtout, ce Benignus, il a été exécuté au 2ème siècle de notre ère, à l’époque où, on va dire, les milices romaines n’aimaient pas vraiment les chrétiens à cette époque là.

 

[Fanny Cohen Moreau]

[rires]

On a de la chance, aujourd’hui il fait très beau donc on peut bien faire cette visite tranquillement !

 

[Clément Lassus Minvielle]

Et c’est assez spectaculaire ! D’ailleurs, tu remarqueras que la lumière sublime les toitures dites “bourguignonnes”, belles toitures vernissées, remplies de couleurs rouge, noir, vert. En fait, ce sont toutes des couleurs du 19ème, 20ème siècles. On n’a plus vraiment de toitures qui datent c’est-à-dire, de l’origine, du 14ème siècle en fin de compte.

Même à l’Hôtel-Dieu de Beaune, ce sont des éléments d’architecture et des tuiles qui datent du début du 20ème siècle. Seulement, c’est tellement beau qu’on peut faire abstraction du fait qu’elles soient toutes jeunes.

Alors, elle a une autre particularité notre cathédrale actuelle, Saint-Bénigne, c’est qu’elle présente un style gothique bourguignon ! C’est-à-dire que c’est quelque chose d’assez lourd, on a des verrières qui sont grandes mais pas spectaculaires par rapport à tout ce qu’on peut retrouver dans la vallée de la Loire ou autour de Paris par exemple, et même à Paris bien évidemment. C’est un style typique de Dijon, clairement, puisqu’on en retrouve absolument sur tout son territoire, et même jusqu’à Beaune !

On va revenir sur nos pas et nous diriger maintenant vers un hôtel particulier du 15ème siècle qui est remarquable.

 

[virgule sonore]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Il faut savoir que là on prend le chemin, en fait, de ce qu’est la véritable ville de Dijon à l’époque gallo-romaine. Mais, il faut savoir qu’elle reste ville de Dijon jusqu’au 12ème siècle. À l’emplacement où on se situe là, c’est-à-dire près de la cathédrale Saint-Bénigne, on est, en fin de compte, dans une zone qui est assez perdue dans l’histoire.

On arrive au niveau d’un bourg véritablement entier à partir du 12ème siècle dans ce secteur-là. Avant, c’était une simple abbaye, il faut bien le comprendre.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Et du coup à cette époque-là, il y avait environ combien de personnes à Dijon ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

À l’époque médiévale, on peut essayer d’estimer la population à une dizaine de milliers de personnes, grand maximum, parce que même au début du 19ème siècle on aura que 25 000 habitants. Mais, il faut savoir aussi qu’elle est enfermée dans ses murs jusqu’à la fin du 19ème siècle, une ceinture de remparts qui a été érigée dès le 12ème siècle et augmentée au 16ème. Cette ceinture de remparts, elle restera en place très longtemps et ça évitera qu’il n’y ait une énorme accumulation de faubourgs tout autour ! Il y en a certains mais pas assez pour engranger une énorme population.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Là on descend, on est dans quelle rue ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors, là, actuellement on est dans la rue Danton. C’est une rue, en fait, qui n’existe tout simplement pas avant la Révolution puisqu’on se trouve exactement à l’emplacement d’un cimetière !

 

[Fanny Cohen Moreau]

Ah !

 

[Clément Lassus Minvielle]

Oui, on est contre l’église Saint-Jean. C’est une église qui sera construite au 15ème siècle, ni plus ni moins par Philippe le Bon lui-même, duc Valois de Bourgogne et, le plus connu et le plus puissant des ducs de Bourgogne.

 

[Bruits d’une voiture qui passe]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Ici, on peut remarquer des épitaphes qui marquent, en fait, la présence de sépultures sur le secteur.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Donc là on marche sur des tombes enfouies ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Clairement oui. En-dessous du niveau du sol actuel qui est plus haut que celui du 15ème siècle, il est évident qu’on se trouve confronté à des sépultures, même si on marche à peu près à 50 cm au-dessus… oui au minimum.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Ça fait un peu froid dans le dos quand même de se dire qu’on marche sur des tombes !

[rires]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Ce sera le cas dans toutes les villes et, à chaque fois qu’il y aura une ancienne église au sein même d’une ville, avant 1780, en gros, toutes les paroisses intra-muros, ont leur propre cimetière qui entoure l’église. Donc, c’est tout à fait normal et, dans d’autres villes, on aura effectivement ce même système.

 

[Bruits de pas]

 

[Fanny Cohen Moreau]

On s’éloigne un petit peu du flot des voitures pour entrer dans une petite rue, la rue Brulard !

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors la rue Brulard, elle n’a pas beaucoup d’intérêt, si ce n’est qu’elle nous permet de relier en fait ce qui sera, ce qui était pardon, l’ancienne ville de Dijon par, en fait, un secteur qui est très très peu emprunté au Moyen Âge. C’est une zone qui ne propose aucune structure médiévale mais, ne vous inquiétez pas, on va en retrouver très vite.

 

[Bruits de pas]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Jolie vue sur la cathédrale depuis ici. On aura beaucoup de perspectives un peu partout en plein centre ville et même au niveau du sol sur les plus grandes églises de la ville. Il faut savoir que Dijon c’était l’une des villes qu’on nommait “aux cent clochers”, ce qui fait que des clochers et des flèches on en aura absolument partout ! Donc, on a pas mal de points de vue sympas.

 

[Bruits de pas]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Je l’ai dit tout à l’heure, la rue Brulard, elle n’a pas beaucoup d’intérêt mais il y en a au moins un qui est important, c’est qu’on est au croisement d’une rivière qui passait en plein centre ville. Et là on marche exactement sur le cours d’eau de la ville qui a été canalisé dans les années 1840 et qui s’appelle le Suzon.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Mais il n’y a pas des ressorties d’eau parfois, non ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Non non, pas du tout. Là, dans le secteur, on a quand même pas mal de chance, ça a été canalisé au 19ème mais quand même on a fait pas mal de bras un peu partout en béton, ce qui fait que, s’il y en a un peu trop de flux, on peut l’évacuer.

 

[Fanny Cohen Moreau]

On a tourné à gauche après la rue Brulard et, là, on est dans une rue commerçante pavée. Et on avance.

 

[Clément Lassus Minvielle]

Cette rue-là en particulier, elle porte le nom de Berbisey. Et ça tombe bien, là on se dirige dans la cour d’un hôtel qui porte le nom de Thomas de Berbisey. Quelqu’un de très important à l’échelle de Dijon, puisque sa famille, nobles personnes de leur facture proposaient en fait leurs services pour le Parlement de Bourgogne !

 

[Bruits de pas]

 

[Fanny Cohen Moreau]

Et on tourne à droite, dans la rue Victor Dumay !

 

[virgule sonore]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Pour accéder à ce site, il faut rentrer dans un hôtel qui porte le nom de Philippe le Bon – donc, encore une fois, on reste dans la thématique. Pour arriver dans une zone qui n’a pas subi du tout les coups de la Révolution.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Parce que la ville a beaucoup été modifiée après la Révolution ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors, en fait, à partir de la Révolution, on a pas mal de logements citoyens qui émergent un peu partout donc des immeubles symétriques au possible, sans vie, sans décor. Bon, ça, ça va, par exemple, remplacer des églises à Dijon.

Ça c’est quelque chose d’assez spectaculaire, on va perdre trois grosses constructions majeures à cause de la Révolution : la Sainte Chapelle des ducs de Bourgogne, quand même. On va perdre aussi la Rotonde romane de l’an 1000 de Saint-Bénigne, la cathédrale que j’ai évoquée tout à l’heure, mais aussi une église paroissiale du nom de Saint-Pierre.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Et là on rentre dans un endroit un petit peu plus calme. [Chuchote] Avec des jolies voitures.

 

[bruits de porte qu’on ouvre ou ferme]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors là, moi, j’adore emmener les gens dans ce genre d’endroit parce qu’on est en dehors des sentiers battus. Personne ne se doute qu’au-delà des rues bien sûr, tracés touristiques évidents, on peut retrouver des joyaux. Mais là, en l’occurrence, c’est une perle de trésor gothique que vous allez pouvoir voir.

 

[Bruits de pas]

 

[Fanny Cohen Moreau]

Oh !

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors, voilà, on est dans la cour d’un hôtel particulier, on va dire un hôtel dont les prémices, vraiment, remontent à la fin du 15ème siècle. Son évolution, elle va courir jusqu’en 1506 à peu près, mais on est toujours dans un style gothique.

Alors, il faut savoir qu’à Dijon, le style gothique, on en retrouve jusque dans les années 1570. C’est très très tard ! Très très tard ! On a des ateliers renaissances, oui, mais le gothique va avoir beaucoup de vogue à Dijon.

Là donc, jusqu’en 1506, on construit cet hôtel pour Thomas de Berbisey qui va y habiter à partir de 1506. C’est pour ça qu’on connaît la date, en fait. Alors, on peut voir plusieurs choses, un oratoire très très décoré avec l’unique colonne torsadée de la ville qui a ce format monumental, qui a des vignes, du chardon, qui symbolisent la force et l’union conjugale, qui sortent d’un beau panier en osier au passage. Un peu plus haut, on peut voir les armes de Berbisey qui ont été grattées à la Révolution, bon effectivement, il y a un petit grattage quand même, mais les structures n’ont pas été touchées. Une Madone, un peu plus haut.

On peut remarquer aussi une belle frise décorative où on peut retrouver le mouton, la brebis, ça c’est tout simplement, en fait, le symbole de la famille qu’on va retrouver en héraldique aussi parce que Berbisey, “berbis” au Moyen Âge, voilà, ça rappelle la brebis tout simplement.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Hum !

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors, l’oratoire aujourd’hui sert en partie cuisine mais il est très très bien préservé en fait par la direction, ils connaissent le trésor du site et donc, même si on se trouve localisé dans un secteur qui peut être un petit peu dommageable pour le patrimoine et, bien forcément, on a enduit les surfaces pour les préserver dans le site.

L’autre élément majeur de cet endroit c’est bien sûr le pilier central de la cour qui propose plusieurs éléments et notamment une représentation stylisée du jardin d’Eden. Stylisé, pourquoi ? Parce qu’on retrouve le serpent enroulé autour de l’arbre… l’arbre c’est un pommier, on voit les pommes. Mais, surtout, la tête du serpent c’est une tête de femme !Alors, forcément hein, on se demande pour quelle raison. Un peu plus haut, on a saint Thomas qui est en train de soigner Jésus. Et le saint Thomas, au passage, si vous vous rappelez bien du nom du propriétaire, représente entre autres le propriétaire. Il a la jambe fléchie et est presque aussi grand que Jésus, ça a pas mal fait jaser à l’époque forcément. C’est sans doute pour ça qu’à la Révolution ce n’est pas tombé, ça a dû les faire vraiment, vraiment rire, je pense.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Oui parce qu’on l’a vu tout à l’heure même, la Madone, il lui manque la tête.

 

[Clément Lassus Minvielle]

Oui, mais ce n’est pas tombé à la Révolution ! On a des photographies, en fait, de la Madone avec la tête. Donc, là on ne sait pas ce qui lui est arrivé mais, en tout cas, elle a perdu la tête au 19ème siècle.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Un ancien propriétaire un peu énervé.

 

[Clément Lassus Minvielle]

Il a des chances que sa tête ne lui revenait pas, effectivement !

 

[Fanny Cohen Moreau]

[Rires]

 

[Clément Lassus Minvielle]

On trouve des torsades là-haut aussi. C’est vraiment le seul endroit de la ville avec l’hôtel Chambellan qui propose ce type de décor. Je mets l’accent dessus parce que ça a beaucoup d’impact en fait dans l’étude que j’ai mené dans la ville. Je me suis rendu compte que ces deux endroits proposent la même chose et, on sait qu’au 15ème siècle, Philippe le Bon avait des accords commerciaux avec le roi d’Écosse entre autres. Ce type de torsade, on en retrouve beaucoup en Écosse et, on sait qu’on a échangé plus que des anecdotes avec l’Écosse à cette époque-là. Et, donc aussi pourquoi pas de l’art décoratif, ça ne pose aucun problème, voilà.

On va sortir d’ici et se diriger maintenant vers un autre hôtel particulier, l’hôtel Chambellan, justement.

 

[Bruits de pas]

 

[Clément Lassus Minvielle]

On sort des sentiers battus par exemple, toute à l’heure, on était face à la cathédrale mais, même la cathédrale, on ne s’y dirige pas instinctivement à Dijon en fait. Les sentiers sont tous faits de telle sorte à suivre l’artère principale, qui est la rue de la Liberté qui vous emmène tout droit vers l’hôtel Ducal, celui de Philippe le Bon.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Donc là, on remonte la rue Sainte-Anne.

 

[virgule sonore]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Si jamais vous aimez les jolies vues aussi, vous pouvez vous balader dans ce parking. Vous aurez une magnifique vue sur le dôme de Saint-Anne, le beau dôme vert.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Ouais, je l’ai aperçu, ça a l’air chouette ça.

 

[Clément Lassus Minvielle]

À proximité directe de l’établissement qu’on vient de voir, il y a un site qu’on nomme le couvent des Cordeliers, actuellement fermé. Avant ça, il faut savoir, qu’avant le Covid je parle, on pouvait aller à l’intérieur quand on voulait, c’est devenu un appart’hôtel.

Et le propriétaire a énormément mis d’argent pour remanier le site et qu’il soit complètement restauré. On a préservé un cahier des charges et un site en même temps, un site historique remarquable pour le patrimoine de Dijon. Le couvent des Cordeliers, en fait, c’est l’un des nombreux établissements d’ordre mendiant qui ont fleuri à Dijon à partir du 13ème siècle.

 

[Bruits de la ville]

 

[Clément Lassus Minvielle]

En plus, à partir de là, on rentre dans le secteur piéton de Dijon, c’est-à-dire qu’à partir d’ici à moins d’avoir un badge, on ne peut pas circuler en voiture. Et le secteur sauvegardé ce n’est pas tout le secteur piéton bien sûr, mais il y a une grosse partie de ce secteur sauvegardé qui est largement piétonnisée. Et donc on va être tranquille un petit moment.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Donc pour les oreilles des auditeurs, il y aura un petit peu moins de bruits de voiture. On vous promet !

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors ici on circule dans la rue du Bourg. Il faut savoir que cette rue avant d’être très très commerciale et très passante, en fait, il s’agissait d’un marché aux animaux ! C’est ici qu’on vendait la viande déjà préparée, qu’on égorgeait, qu’on tuait et qu’on dépeçait dans la rue qui est parallèle, juste derrière, qui avait un nom très sympathique aussi, alors on l’appelle la rue des [XX] mais, en fait, la ligne directe en continuant vers la rue du Bourg se nommait la rue des tueurs.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Oh, c’est assez évocateur !

[rires]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Il y a quelque chose d’assez pratique au fait d’avoir proposé ici des étals de viande, c’est parce qu’on peut nettoyer le sang très facilement pour une bonne raison, c’est qu’en contrebas, juste à côté, passait la rivière du Suzon. Donc on pouvait évacuer tout ce qu’on pouvait à l’intérieur.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Celle dont tu parlais tout à l’heure ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Exactement !

 

[Bruit de la ville]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Tu vois là, regarde, tu as un contrebas en fait. Même si on est au 21ème siècle, ça part un peu en pente dans cette direction et on se rend compte que le lit de la rivière était vraiment localisé là-bas. Bon, maintenant c’est un centre commercial qui va bientôt disparaître dans ce format-là mais qui va être refait !

En tout cas, ici passait un joli petit cours d’eau, alors il ne faisait pas plus de 5 mètres le cours d’eau, c’était quelque chose qui était même presque globalement asséché 6 mois de l’année ! Donc, il faut imaginer à l’arrivée du 19ème siècle que c’était un égout à ciel ouvert ! Les gens en ont eu marre dont ils l’ont recouvert.

 

[Bruit de la ville]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Donc là, ce qu’on va faire, c’est qu’on va d’abord aller voir la partie arrière de l’hôtel Chambellan qui n’est pas visible du grand public. C’est une petite surprise qui nous permet de voir, en fait, la magnifique chapelle de l’hôtel, vue de l’extérieur. Et ça, les gens ne peuvent pas la voir normalement.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Donc c’est une exclusivité pour Passion Médiévistes par les oreilles !

 

[Clément Lassus Minvielle]

Je ne fais pas les choses à moitié !

[rires]

 

[Fanny Cohen Moreau]

On mettra des photos sur le site passionmedievistes.fr si les gens veulent voir à quoi ressemble tout ce dont on va parler.

 

[Bruit de la ville]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors ici on traverse la rue de la Liberté qui était complètement fermée, elle n’existe tout simplement pas avant les années 1720. Il faut savoir qu’on a un énorme îlot d’immeubles en plein milieu qui bouche complètement l’accès. C’est pour ça qu’on a une rue du Bourg. La rue du Bourg c’est, certes, la rue du marché comme je l’ai dit tout à l’heure, mais elle porte un nom révélateur de son impact, en fait, sur l’urbanisme.

Il faut savoir que depuis l’hôtel des ducs jusqu’à la cathédrale Saint-Bénigne, qui était l’abbaye Saint-Bénigne à l’époque, vous aviez la rue du Bourg qui mène au bourg Saint-Bénigne.

 

[Bruit de la ville]

 

[Fanny Cohen Moreau]

On voit ça aussi aux façades. C’est que les façades de la rue du Bourg sont clairement plus anciennes que celles de la rue de la Liberté.

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors globalement en plus la rue de la Liberté c’est un même schéma. Toutes les façades ont été faites de la même façon, conçues de la même manière, avec des belles arcades, toutes à la même période. Donc oui, non ce n’est pas très ancien tout ça effectivement. En revanche, là on passe dans une rue qui s’appelait la rue au-dessus du Bourg avant, aujourd’hui c’est la rue Stephen Liegeard, où on peut voir à nouveau des façades à pans de bois qui remontent donc au 15ème siècle.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Et c’est les façades du 15ème siècle qu’on voit ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Oui c’est ça. C’est ce qu’on voit un peu partout ici. Alors, on en a deux qui sont affrontées, donc qui se font face, ce qui est encore assez rare dans les villes aujourd’hui. Et il faut savoir que dans quelques minutes on verra aussi beaucoup d’autres façades affrontées de cette façon.

 

[Bruit de la ville]

 

[Clément Lassus Minvielle]

L’une des plus vieilles structures de Dijon se nomme aujourd’hui l’hôtel Aubriot et, en fait, renfermait un comptoir de change à l’intérieur, change monétaire je veux dire ! C’est-à-dire qu’il y avait beaucoup de monnaies qui transitaient ici, dans un site qu’on appelait la voûte au change à l’époque. C’est un site qui date du 13ème siècle et on peut voir encore ce souvenir grâce aux arcatures qui se trouvent au premier niveau.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Ce sont les arcatures d’époque ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Ah oui, les arcatures qui se trouvent au-dessus sont d’époque. Alors, bien sûr, ça a été restauré au début du 20ème siècle, mais on a conservé les petites colonnettes très blanches, d’un calcaire bien bien bien visible, ça c’est le plus ancien. Sinon le reste, ça a été restauré par Xavier Schanosky au début du 20ème siècle, et c’est de la réadaptation type Viollet-le-Duc en fin de compte.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Donc quand même de la rénovation, ça passe ou ça ne passe pas ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Ça passe quand c’est similaire à une gravure. En fait, ils ont consulté une gravure, ils ont refait à l’identique donc ça, ça va.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Il y avait déjà un petit peu de démarche derrière.

 

[Clément Lassus Minvielle]

Ça, c’est l’accès touriste à l’hôtel Chambellan, on est dans la rue des Forges, seulement, il est actuellement fermé au public. C’est pour ça qu’on prend un accès privilégié.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Ouh !

 

[Bruit de la ville]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Il va falloir parler doucement parce qu’on rentre dans une copropriété. Quelqu’un nous ouvre mais il faut attendre un peu.

 

[Discussion en fond]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors là, forcément, on ne se rend pas compte qu’on va voir du médiéval parce qu’on passe dans une galerie qui est parfaitement moderne, c’est même du 20ème siècle en fait. Sauf que, quand on passe la porte…

 

[Porte qui s’ouvre]

 

[Fanny Cohen Moreau]

Han !

 

[Clément Lassus Minvielle]

On arrive dans un site qui était en fait l’une des cours de l’hôtel Chambellan. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout l’une des cours puisque ça a été remplacé par des immeubles modernes. Et on peut voir ici un lion porte-poulie dont il manque le puits mais aussi la magnifique verrière gothique de la chapelle gothique de l’hôtel Chambellan.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Il y a vraiment un mélange d’architectures de toutes les époques.

 

[Clément Lassus Minvielle]

Si on regarde bien les détails, on se rendra compte que du 15ème on en retrouve partout. Là, on a une petite baie à accolades avec des nervures. Là-haut, on a d’autres fenêtres en arrière-plan qui appartiennent à une autre construction du site. Et, à gauche, on a carrément l’une des nombreuses façades à pans de bois et à pignon bien bien aiguë qu’on pouvait voir dans toute la rue des Forges mais qui ont été remplacées par des façades modernes.

Je suis content que tout le monde découvre, au passage, parce que c’est vrai que s’il y a un bonheur en fait de guider c’est de pouvoir montrer des choses aux gens et de voir leur visage sourire quand ils voient les choses.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Moi je suis toujours émerveillée quand je vois des choses comme ça alors.

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors l’hôtel Chambellan, c’est l’hôtel d’une personne qui était très importante pour l’histoire de la ville. C’est quelqu’un qui s’appelle Henri, de son prénom, qui va lui, avoir un commerce de draps à l’origine. La famille Chambellan, il faut savoir que c’est des drapiers à la base, qui vont aussi avoir des charges de maire à certains moments de leur existence.

Mais plus tard, ils vont avoir assez de notoriété, face au roi de France, parce que même après le rattachement du duché de Bourgogne au royaume de France, ils continuent à prospérer ! Et la preuve en est, cet hôtel qui date des années 1490. On est vingt ans après le rattachement, en gros, au royaume de France. C’est 1477 pour le rattachement.

Donc là on se dirige vers Notre-Dame et la fameuse chouette de Dijon.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Quand j’ai dit que je venais à Dijon, tout le monde m’a parlé de cette chouette.

 

[Clément Lassus Minvielle]

C’est vrai ?

 

[Fanny Cohen Moreau]

[rires]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Mais est-ce qu’ils ont raconté la vraie histoire de cette chouette ?

 

[Fanny Cohen Moreau]

Tu vas nous la raconter !

 

[Porte qui s’ouvre]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors ici s’entremêlent vraiment du gothique mais aussi du néo-gothique. On a la chance d’avoir cette merveilleuse église Notre-Dame, belle structure gothique d’un bourguignon total. Et juste à sa droite, un néo-gothique puisqu’on a une chapelle qui a servi, on va dire, d’algeco au moment où on a décidé de restaurer l’église Notre-Dame à la fin du 19ème siècle. On ne l’a pas détruite, on a trouvé que c’était sympa. On a fini par se familiariser avec, donc on l’a conservé.

Alors ça, c’est l’église Notre-Dame. Une façade complètement atypique parce qu’elle reprend en fait un style qui va jusqu’à Byzance ! Elle se compose de deux galeries, qu’on retrouve généralement sur les façades en général en Toscane en fin de compte. Ça s’inspire du style pisan effectivement, toutes les façades de Pise ressemblent à ça. Mais, la structure en elle-même n’est pas romane ici, c’est bien du gothique, on est sur du milieu du 13ème siècle.

Il y a quelque chose qui est assez significatif sur la structure aussi, c’est tout en haut à droite, le jacquemart. Alors, un jacquemart, c’est un nom vraiment générique pour tous ces campaniles dotés de petits bonhommes qui tapent dessus, en fait. On en retrouve un peu partout en France quand c’est conservé. Et là en l’occurrence, celui-ci, pour certaines pièces remonte au 14ème siècle, lorsque Philippe le Hardi l’a récupéré à Courtrai, une ville de Belgique actuelle. Parce que, en gros, les soldats là-bas de Courtrai ne se sont pas vraiment bien battus avec lui à cette époque et donc, pour se venger, il a décidé de leur piquer leur jacquemart.

Jacquemart, ça vient de quoi ? Ce n’est pas quelqu’un qui s’appelle Jacquemart, c’est beaucoup trop légendaire ce type d’affirmation. Il faut bien trouver quelque chose de plus pragmatique en histoire et vous êtes, vraiment… On le sait, c’est quelque chose de très connu, Jacques et mart, il faut dissocier les deux termes. Mart, martel, le marteau, le marteau que tient le petit personnage. Et Jacques, en fait, un Jacques à l’époque c’est un paysan, on le sait au Moyen Âge. Jacquouille, la référence !

 

[Fanny Cohen Moreau]

[rires]

 

[Fanny Cohen Moreau]

Oh non ! Pas une référence !

 

[Clément Lassus Minvielle]

Ce sont des galeries type byzantines qu’on va reproduire un peu partout alors, comme je l’ai dit, surtout en Toscane. Moi, je ne suis pas allé en Sicile donc je peux pas donner d’exemple sicilien mais, j’en ai vu beaucoup en Toscane effectivement. Ce qu’on voit dessus, ce ne sont pas des gargouilles, il y a 51 éléments en haut-relief qui ressortent de la façade. En fait, ce sont des chimères tout simplement. Vous savez, tout ce qui… En gros, tout ce qui est attaché à Viollet-le-Duc au 19ème siècle donc elles n’évacuent pas les eaux de pluie. C’est pour ça qu’on ne parle pas de gargouilles. Ce sont des fausses gargouilles.

 

[Bruits de pas]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Il y a un élément d’architecture, qui est emblématique de la ville de Dijon, qui n’est autre que la fameuse chouette de Dijon. Alors, pour le coup, c’est ni une chouette ni un hibou au grand dam de toutes les personnes qui affirment que c’est le cas. C’est, en fin de compte, un blason commémoratif, c’est ce qui est le plus proche d’un souvenir mis sur la pierre.

Ce petit élément, il est là vraisemblablement d’après une étude récente, depuis 600 ans. Il a donc été sculpté directement sur le site, donc à hauteur d’homme, c’est pour ça qu’on peut le retrouver à cette hauteur, c’est parce que ça a été sculpté là. Sur une chapelle qui date du 15ème siècle, qui a été maladroitement interprétée pendant très longtemps comme une chapelle du 16ème siècle.

Donc, on lui attribuait le 16ème siècle à ce petit volatile, ce qui n’est pas le cas. A cause de la verrière qui se trouve là, qui est très Renaissance française pour le coup. Alors, en plus de ce volatile nocturne qu’on retrouve ici sur sa petite branche, on va voir deux autres éléments. Alors, quelque chose qu’on a du mal à déterminer mais qui est peut-être la représentation du symbole de Louis XII, le porc-épic, mais on en est absolument pas sûr. Et, à gauche, là-bas, la salamandre de François Ier, là c’est pour signifier vraiment, le 16ème siècle, la Renaissance française pour le coup.

Alors, cette chouette là on lui a souvent attribué les mérites en fait, de cette nostalgie des ducs de Bourgogne à cause du grand duc, le hibou en fin de compte, tout simplement !

Sauf que vraisemblablement, encore une fois d’après une étude récente, il s’agirait d’un souvenir d’une réunion qui s’est tenue, il y a de ça 600 ans, une réunion pontificale durant laquelle un volatile aurait pu pénétrer en fait dans la salle pendant la réunion. Et, ça a été interprété, pas comme l’opération du Saint-Esprit, mais en tout cas l’opération, on va dire, maligne, voilà. Et cette apparition on s’en rappelle, on va finir par se moquer de celui qui préside la réunion en question, le pape clairement, parce qu’il avait des mœurs qui n’étaient pas très jojo à cette époque-là.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Tu nous disais, tout à l’heure, la chouette, elle est au niveau des yeux mais, à cette époque là, quand elle a été faite, le sol était déjà à ce niveau-là ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors on a de la chance parce que ce secteur-là, ça a été un cimetière pendant très longtemps.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Encore !

 

[Clément Lassus Minvielle]

Et oui, on est autour de l’église ! Donc forcément dans cette zone, on va avoir un sol en terre battue et pas forcément pavé sur tout le secteur. Donc, quand on va paver la zone en question, on va un petit peu rehausser le sol mais pas trop, parce qu’on va reprendre le schéma de ces rues concentriques qui vont permettre d’avoir une rigole au centre. Voilà comme ça. Donc, on va avoir un sol un peu plus haut sur les côtés au 21ème siècle, bon c’est un sol 20ème, qui va permettre d’avoir aujourd’hui quelque chose qui atteint les deux mètres. Mais ce n’est pas si haut que ça quand même, pour le coup, mine de rien.

 

[Fanny Cohen Moreau]

J’aime beaucoup la petite salamandre.

 

[Bruits de clocher]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Ici, on atterrit à nouveau face à des façades à pans de bois. On va retrouver des façades à pans de bois parce que ce secteur a été globalement préservé en fait dans l’histoire pour une bonne raison, c’est que les alignements dus à Louis XIV, Louis XV ou même Louis XVI, ne vont pas affecter cette zone géographique.

Là, pour le coup on a beaucoup de chance, ce qui fait que ces façades à pans de bois vont perdurer ainsi que leurs structures.

 

[Fanny Cohen Moreau]

On avait même des petites briquettes avec le pan de bois tout à l’heure.

 

[Clément Lassus Minvielle]

Oui, alors, juste ici effectivement on est devant la maison la plus connue de Dijon. Cette maison-là, elle porte le nom de Millière, du nom de son propriétaire à la fin du 15ème siècle. On est sur une structure qui a été érigée apparemment en 1483.

On a les deux initiales Guillaume et Guillemette juste ici, Millière, qui rappellent véritablement en fait l’union conjugale de ces deux personnes sur un blason à côté d’un petit lion. La façade a des briquettes mais elle a été restaurée pour le coup. Tout ce qui subsiste vraiment de médiéval c’est la sablière clairement, alors là on voit que…

 

[Fanny Cohen Moreau]

C’est quoi une sablière ? Tu peux nous le dire ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

C’est l’énorme poutre en partie basse d’une façade, très horizontale pour le coup. C’est la structure qui soutient la façade, elle-même soutenue par des consoles juste en-dessous, les consoles de pierre à niveau si vous voulez.

 

[Fanny Cohen Moreau]

C’est bien que ce soit un couple qui ait été représenté dans les lettres. C’est quand même rare que les femmes soient représentées ainsi, même avec son initiale dans l’espace public.

 

[Clément Lassus Minvielle]

C’est vrai, c’est vrai. Et d’ailleurs, on va en retrouver plusieurs à Dijon. On va en retrouver jusqu’au 17ème siècle, vraiment. C’est quelque chose d’assez récurrent ici. On a beaucoup aussi de représentations de veuvage avec, cette fois-ci, une chaîne qui remplace en fin de compte la cordelette. Mais, tout à l’heure, quand on était dans l’hôtel de Thomas de Berbisey, on avait ce même lien qui reliait Thomas de Berbisey à son épouse Marguerite. Ici, donc la façade si on regarde bien, elle est orientée en direction du chevet de Notre-Dame et non pas juste façe à l’église pour qu’on puisse avoir une vue vraiment très importante, c’est-à-dire une vue sur sa façade.

C’est une perspective en fait choisie dans l’architecture. On a l’impression d’être face à la façade alors qu’on est sur le côté. Il n’y a plus rien de médiéval au-dessus, on a une lucarne qui a été refaite comme la toiture, on a un chat qui montre sa queue; on a un grand duc, mais tout ça c’est purement début 20ème siècle pour le coup.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Là aussi on a un grand mélange d’architectures de différentes époques dans un seul bâtiment.

 

[Clément Lassus Minvielle]

C’est ça, effectivement. Alors, ce site va même servir de décor à un film. Cyrano de Bergerac. C’est quelque chose qu’on ne connaît plus aujourd’hui peut-être mais qui est connu de nos parents sans problème, voilà.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Oh, quand même !

 

[Clément Lassus Minvielle]

Perso, je ne l’ai jamais vu ! [rires]

 

[virgule sonore]

[Fanny Cohen Moreau et Clément Lassus Minvielle discutent en off]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Dans les sous-sols, on a aussi un petit peu de médiéval. Les salles sont voûtées en partie basse, ça ne repose plus sur des colonnes malheureusement mais on a des salles médiévales quand même en partie basse, en dessous de l’hôtel de Voguë.

Alors, ici, on arrive devant la rue médiévale à tout point de vue en fait à Dijon. Ici, on arrive dans une rue qui a préservé en fait ses façades à pans de bois. Elles se font face dans toute la rue et on en a au moins une bonne dizaine cachées entre l’intérieur de la rue et l’extérieur en fait des structures, qu’on ne peut pas voir pour le coup dans la rue. Mais il faut bien comprendre une chose, c’est qu’elle n’a pas été alignée comme les autres à l’époque des différents rois type Louis XIV, Louis XV, Louis XVI. Ici, on a de très belles structures qui ont servi à la fois de zone commerciale donc des échoppes par exemple, mais aussi d’hôtellerie comme celle-ci qu’on appelle l’hôtellerie de la Croix de fer.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Donc là, on est au croisement de la rue de la Chouette et de la rue Verrerie.

 

[Bruits de la ville]

 

[Clément Lassus Minvielle]

On fait juste un petit point, juste à côté, pour aller voir l’une des plus vieilles maisons de la ville encore une fois. Et ensuite on termine par le logis de Philippe le Bon qui est l’hôtel ducal. Alors si je dis, attention, hôtel ducal et non pas palais des ducs, c’est parce que ça n’a jamais été un palais. Dans aucun écrit d’archive on dit le mot palais où que ce soit en fait. C’est un hôtel particulier, certes, peut être riche, mais c’est un hôtel.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Pas de palais, pas de palais.

 

[Clément Lassus Minvielle]

Pas de palais, pas de palais. La référence à Mission Cléopâtre, quoi !

[rires]

 

[Fanny Cohen Moreau]

Oui, c’est ça !

 

[Bruits de la ville]

 

[Clément Lassus Minvielle]

Donc ça c’est l’une des façades en pierre les plus anciennes de la ville, elle remonte au début du 14ème siècle et on se trouve dans la rue Chaudronnerie. Ici, c’est l’hôtel des Griffons. Alors, la famille des Griffons, pareil, ça va être des commerçants, des drapiers plus exactement, puisqu’on est cette fois-ci dans le secteur de la vente de draps. Tout à l’heure, c’était la viande, là c’est les draps.

Clairement, il faut comprendre que la Bourgogne est très réputée pour son textile au Moyen Âge, très très réputée. Et là, en l’occurrence, les prémices c’est le 14ème siècle, ça va aller jusqu’au 15ème siècle sans problème et courir à la Renaissance. Et là, on est devant, sans doute, la structure qui a accueilli ce textile et le plus longtemps possible c’est-à-dire au 14ème siècle.

La façade de l’hôtel des Griffons se compose de fenêtres avec des trilobes, quelques figures, notamment un petit singe pour la malice hein tant qu’à faire. Mais surtout elle renfermait à l’intérieur, avant que ce soit malheureusement totalement détruit au 19ème siècle, une magnifique cour avec galeries en bois et tourelle d’escalier à vis, bien entendu.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Mais là, ce qu’il y a au-dessus des fenêtres, c’est du Moyen Âge ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors, on pourrait croire que c’est du faux, mais c’est bien de la pierre de Dijon. En fait, si on regarde bien, il y a des éléments veineux qui se trouvent sur les différents trilobes. On voit les traces rouges un peu partout. La pierre de Dijon c’est une pierre qui fournit plusieurs nuances de couleurs, du rouge quand elle est chargée en oxyde de fer, du bleu quand elle a du fer pur à l’intérieur, ou un genre de jaune comme celui-ci. Mais c’est bien une pierre locale qui est issue de ce qui est aujourd’hui la gare de Dijon, en fait.

 

[Fanny Cohen Moreau]

On dirait presque du bronze.

 

[Clément Lassus Minvielle]

On dirait presque du bronze, et on dirait carrément en fait du faux, limite. Mais non, c’est bien de la vraie pierre, ce sont des linteaux authentiques.

 

[virgule sonore]

 

[bruits de marche]

 

[Clément Lassus Minvielle]

L’hôtel ducal aujourd’hui renferme le musée des Beaux-Arts de la ville de Dijon. On peut y aller absolument quand on veut, c’est gratuit. C’est ça qui est phénoménal. Il est vraiment gigantesque et vient d’être totalement restauré. On peut observer dans ce musée des Beaux-Arts les tombeaux d’au moins deux des ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi et Jean sans Peur. Ce sont les deux premiers ducs valois.

Le site en lui-même a été pas mal remanié au travers de l’histoire mais, il faut savoir qu’on a toujours le corps de logis et la tour d’escalier à vis monumentale de Philippe le Bon. Et un élément ancien conservé, la tour de Bar qui remonte au 14ème siècle, qui est en fait l’une des étapes successives de l’évolution architecturale de ce site. Là pour le coup, la tour de Bar est la plus ancienne construction encore en place de cet ancien hôtel ducal.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Et là, on est sur la place des ducs de Bourgogne. Et vraiment je conseille aux auditeurs et aux auditrices, c’est un excellent point de vue pour découvrir.

 

[Clément Lassus Minvielle]

C’est absolument fantastique, et surtout c’est de ce côté-ci qu’on peut voir véritablement la façade de l’hôtel ducal parce que de l’autre côté, c’est du Louis XIV.

 

[Fanny Cohen Moreau]

La tour est super haute aussi ! On a pas l’habitude que des…

 

[Clément Lassus Minvielle]

Elle est gigantesquement haute. On ne comprend pas pourquoi on a fait une tour aussi haute. Là, quand même, on approche des cinquante mètres ! Quand on arrive sur la partie du second escalier tout en haut, au niveau des gardes corps. $En fait, il y a une théorie, récente, qui voudrait que, grâce en fait à la lecture de carnet qui montre que l’un des conseillers de Philippe le Bon était un astrologue à l’époque, mais un physicien, donc un astronome aujourd’hui. Et bien peut être que Philippe le Bon s’adonnait à l’observation astronomique en fait sur les parties hautes. C’est la société astronomique de Bourgogne et Hervé Mouillebouche, professeur à l’université de Bourgogne, qui ont émis cette hypothèse récemment.

Donc on va terminer dans la cour, où tu vas avoir une façade vraiment remarquable, celle de la tour de Bar qui est préservée, avec ses fenêtres à croisées qui sont conservées depuis le 14ème siècle, et juste quelques éléments de nettoyage qui sont perceptibles, mais globalement on est sur une structure complète.

Voici la façade de la tour de Bar qui a été très nettoyée, on peut le constater, mais globalement la structure est intacte, sculptures, pierres, tout est là. Bon, il manque l’enduit d’origine pour certaines zones, mais pour le reste, tout est bien présent. Les grilles ont été changées aussi.

De l’autre côté, juste derrière nous, ce sont les cuisines de, justement, Philippe le Bon. Alors, on pense qu’elles sont même antérieures à Philippe le Bon, elles sont conservées sur une grosse moitié de la structure. Il faut savoir qu’on a détruit la partie où on se trouve, on ne devrait pas pouvoir circuler ici, au 19ème siècle, pour justement essayer d’égaliser un petit peu ce secteur.

Bon c’est juste une question de forme et de propreté, et donc on a perdu une belle pièce médiévale. En revanche, la partie conservée propose des voûtes vraiment remarquables qui se dirigent vers la bouche monumentale de la cheminée puisqu’on a toute la partie cuisine qui est conservée.

 

[Fanny Cohen Moreau]

C’est la cheminée qu’on voit là ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors ça, c’est une cheminée renaissance tardive parce qu’on se trouve dans la partie de la cour qui était en fait en plein milieu des deux structures. Mais la partie cheminée se trouve dedan,s et du coup si jamais tu vois l’intérieur, tu verras qu’il y a plein d’âtres qui permettent d’évacuer justement ces fumées. C’est monumental et c’est vraiment remarquable.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Et là, juste, c’est qui le bonhomme qu’on voit en statue ici ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

C’est Claus Sluter, c’est le sculpteur de Philippe le Hardi qui va pouvoir en fait concevoir le début des tombeaux des ducs de Bourgogne mais il ne va pas voir la fin des éléments construits. Ces tombeaux qu’on peut voir maintenant au musée des Beaux-Arts.

 

[Fanny Cohen Moreau]

Pourquoi il est là alors ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Parce que justement c’était l’imagier vraiment, au Moyen Âge de ces duc valois, c’est lui qui a lancé l’impulsion de la Chartreuse de Champmol qui est la nécropole des valois où se cachaient les tombeaux à l’origine.

Bien sûr, on se doute que les tombeaux n’ont pas toujours été dans l’hôtel ducal. Aujourd’hui, ils sont dans la salle à manger.

 

[Discussion en fond]

 

[Fanny Cohen Moreau]

On arrive à la fin de cette visite. Bon, bien sûr, tu aurais pu me montrer encore des centaines d’autres choses mais pour que ce soit audible, on n’a pas fait trop trop long non plus. Donc, Clément, où est-ce qu’on peut te retrouver déjà sur Internet et dans la vie en général ?

 

[Clément Lassus Minvielle]

Alors, j’ai un site internet qui s’appelle dijonarcheo-tour. J’aurai beaucoup de plaisir à vous faire découvrir ma ville natale. Pour le reste, j’ai aussi une page Facebook, Balades archéologiques à Dijon. Et j’ai écrit quelques petits guides parce que je suis passionné par l’histoire de ma ville, qui parlent du monde gallo-romain, de l’enceinte médiévale et moderne, et aussi des sites sacrés oubliés de la ville.

 

[Fanny Cohen Moreau]

En tout cas, les auditeurs et auditrices, je vous conseille vraiment si vous venez à Dijon d’envoyer un petit message à Clément, lui demander est-ce qu’il y a une visite prévue bientôt parce que ça vaut le détour.

 

[Générique de fin]

 

[Fanny Cohen Moreau]

Vous avez été peut être un peu frustrés de ne pas pouvoir voir tout ce dont on parlait, et bien allez voir sur le site passionmedievistes.fr, je mettrai plein de belles photos pour que vous puissiez un peu plus vous rendre compte. Et je vous dis à très bientôt pour un nouveau Hors Les Murs de Passion Médiévistes !

Merci à Coline pour la transcription et à Nine Sevenson pour la relecture !