Passion Antiquités

Épisode 10 – Alice et la Mésopotamie au IIe siècle

Plongez dans l’histoire de la Mésopotamie au IIème siècle !



Dans ce nouvel épisode du podcast Passion Antiquités, Alice Durand vous raconte ses recherches sur « La Mésopotamie du Nord au IIe siècle, entre contrôle Parthe et menace Romaine« . Elle a réalisé un mémoire sur le sujet à l’université Bordeaux-Montaigne sous la direction d’Alberto Dalla Rosa. Elle se plonge dans l’histoire peu étudiée d’une région ancienne, mais aussi extrêmement vivante et convoitée.

La Mésopotamie, 2000 ans de construction d’un territoire central

La Mésopotamie
La Mésopotamie au IIème siècle

La Mésopotamie est souvent étudiée pour son histoire la plus ancienne, comme berceau des Empires. Pourtant, après le passage des Perses, la région existe toujours ! Zone de grandes dimensions, la Mésopotamie désigne le territoire situé entre le Tigre et l’Euphrate. Ces deux fleuves fournissent d’importantes ressources et une grande fertilité à la région. C’est pourquoi, très tôt, de grands empires se construisent en Mésopotamie : Ur, Babylone, Sumer et Akkad sont des cités dont l’influence est millénaire. À la suite de la conquête des Perses achéménide, cependant, la Mésopotamie semble moins apparaitre dans l’histoire telle que nous l’étudions. Pourtant, la région ne disparait pas, au contraire, elle fructifie. Les Perses sont chassés par les Macédoniens d’Alexandre, l’empire Macédonien s’effondre et une galaxie de petits royaumes naît.

En effet, la région ne cesse pas d’être fertile et centrale. Ses fleuves permettent de faire la liaison entre les puissances méditerranéennes et les lointains royaumes de Chine et d’Inde. Un véritable réseau de marchands se met en place autour de la Mésopotamie et chaque royaume, chaque puissance locale veut y prendre une part. La région se dote alors d’une importante densité de fortifications accompagnant la construction d’une multitude de petits états.

De cette histoire riche se crée une grande diversité de cultures. En Mésopotamie, on parle grec, latin, hébreux, araméen, un ensemble de langues iraniennes et arménien, entre autres. Les religions y sont aussi diverses, avec la présence du panthéon gréco-romain, mais aussi du christianisme précoce, du judaïsme sous de nombreuses formes, ainsi que du zoroastrisme. C’est donc une région extrêmement vivante et dynamique, centrale et importante pour les jeux de pouvoirs qui y prennent place.

L’Empire Parthes, Rome et la Mésopotamie

Inscription grecque, 135, Palmyre
Inscription grecque, 135, Palmyre

En effet, la région attire des convoitises et de grands empires. Au IIe siècle, deux empires se confrontent dans la région. D’une part l’Empire Romain, qui s’installe peu à peu en Orient en conquérant les provinces hellénisées par les conquêtes d’Alexandre, et d’autre part l’Empire Parthes.

Les Parthes sont un peuple venu des steppes de l’Asie Centrale, anciennement sous domination Achéménide jusqu’à la conquête d’Alexandre. Après la chute de l’empire hellène, les Parthes s’étendent vers l’Ouest et finissent par englober une grande partie de l’Iran et de l’Irak actuel. C’est donc un empire puissant et redouté, en guerre constante contre Rome. Seulement, il finit par être conquis par les Sassanides, autre peuple nomade d’Asie qui les remplace, et les conquérants en effacent les traces. C’est une damnatio memoriae, un effacement de la mémoire.

La Mésopotamie est ainsi un enjeu conséquent de pouvoir entre les empires, notamment autour du royaume d’Arménie. Rome et les Parthes se battent pour la domination de ce royaume, laissant de nombreuses traces et stèles dans la région.

 

Pour en savoir plus sur le sujet de l’épisode, on vous conseille de lire :

  • Sur l’empire parthe :
    • Overtoom, N.L. (2020) : Reign of Arrows, The Rise of the Parthian Empire in the Hellenistic Middle-East, Oxford University Press, New-York.
    • Wiesehofer, J., éd. (2001) : Ancient Persia from 550 BC to 650 AD, Paperback, Londres.
  • Sur l’histoire de l’Iran :
    • Yarshater, E. (2008a) : The Cambridge History of Iran, volume 3 (1 et 2)- The Seleucid, Parthian and Sasanian periods, Cambridge University Press, Cambridge.
  • Sur la Mésopotamie parthe et romaine :
    • Edwell, P. (2008) : Between Rome and Persia. The middle Euphrates, Mesopotamia and Palmyra under Roman control, Routledge, Londres ; New-York.
    • Isaac, B. (2004) : The limits of empire: the Roman army in the East, Clarendon Press, Oxford. (plutôt tourné vers l’histoire militaire celui-ci)
  • Sur des royaumes ou cités spécifiques :
    • Veyne, P. (2015) : Palmyre. L’irremplaçable trésor, Albin Michel, Paris.
    • Ross, S. K. (2001) : Roman Edessa : politics and culture on the eastern fringes of the Roman Empire, 114-242 CE, Routledge, Londres.
    • Yon, J. B. (2003) : “Les villes de Haute Mésopotamie et de l’Euphrate à la fin de l’époque hellénistique”, Topoi. Orient-Occident, Supplément 4, p. 193 – 210.
    • Sur les fouilles archéologiques du site de Doura-Europos (dont je parle à la fin) :
    • Leriche, P. (2003) : “Europos-Doura hellénistique”, Topoi. Orient-Occident, Supplément 4, p. 171‑191.