Clichés #11 – Pas de couleurs au Moyen Âge ?
Est-ce qu’il y avait vraiment des couleurs au Moyen Âge ?
Dans les épisodes du podcast Passion Médiévistes, on évoque souvent plein de clichés sur le Moyen Âge. Mais dans cette série de courts épisodes, je vous propose des focus sur certaines idées reçues précises, avec à la plume et au micro des membres du collectif d’historien.ne.s Actuel Moyen Âge. Dans cet épisode 11, Florian Besson vous parle de la place des couleurs au Moyen Âge.
Vous avez déjà eu l’impression, en regardant un épisode de Game of Thrones, qu’ils avaient oublié d’éclairer le plateau ? Ou que d’un coup votre écran était passé en noir et blanc ? Et oui, c’est comme ça partout : le Moyen Âge est souvent dépeint comme une période très sombre, avec peu de couleurs. Les paysans portent des tenues marrons-grises, les seigneurs portent du noir, les murs sont gris, le ciel est gris…
Or… c’est faux ! C’est uniquement un cliché, qui reprend l’idée d’une période sombre, barbare, littéralement « obscure ». Comme le montre l’historienne Pauline Ducret dans un article, l’imaginaire collectif oppose une Antiquité chaude et lumineuse, dominée notamment par le jaune et le rouge, avec un Moyen Âge gris et terne : une opposition qu’on retrouve par exemple dans la série Kaamelott, entre les scènes du livre VI qui se passent dans une Rome hyper-saturée et le livre V dans une Bretagne médiévale grise et déprimante.
Au contraire, on sait maintenant, grâce aux médiévistes et aux archéologues, que les monuments religieux sont peints, comme l’étaient les temples grecs : les cathédrales par exemple étaient peintes de couleurs vives. Dans les demeures seigneuriales, des tapisseries sur les murs et des tapis sur le sol apportent couleurs et lumière. Les vêtements eux aussi sont richement colorés : la teinture est un secteur économique essentiel, et on fait venir des pigments précieux de très loin, comme la pourpre importée à grands frais d’Orient. A l’époque, on porte couramment du rouge, du bleu, du jaune, du rose – mais attention, pas n’importe comment, et notamment pas de tissus rayés qui sont vus comme diaboliques ! Ces couleurs sont encore visibles aujourd’hui, au coin d’un chapiteau dans une église, sur une page de manuscrit, ou dans les objets qu’on a conservés.
Dans cet épisode vous avez pu entendre les extraits des œuvres suivantes :
-
Kaamelott Livre V : Épisode 8 « Le garçon qui criait au loup »