Super Joute Modernistes #2 – Les rois du XVIème siècle (partie 2)

Qui est (selon nous) le meilleur « fils à maman » de Catherine de Médicis ? Et le meilleur roi du XVIème siècle ?
Classer les rois de France siècle par siècle, personne n’y avait pensé, et nous le faisons dans Super Joute Royale. Après avoir classé les rois du Moyen Âge sur Passion Médiévistes, depuis l’épisode précédent nous avons commencé à parler de ceux de l’époque Moderne sur Passion Modernistes. Autour de Fanny Cohen Moreau sont réunis Clara Germann, Garance Petit et Albert Leparc, prêt et prêtes à déterminer qui a été le meilleur ou le plus boulet des rois de France du XVIe au XVIIIe siècle ! Retrouvez le classement total des rois sur cette page spéciale du site.
Rendez-vous à Blois le 11 octobre pour l’enregistrement du prochain Super Joute !
Un siècle mouvementé (et pas très drôle)

Cette deuxième moitié du XVIème siècle est marquée par les guerres de religions entre un parti protestant et un parti catholique représenté par la royauté qui a du mal à gérer ses factions. Des affrontements brutaux vont avoir lieu, comme la Saint Barthélémy, et les images qui ressortent de ces événements resteront une trace violente de l’histoire du pays.
À la tête du royaume de France dans cette période trouble, vont se succéder tous les fils de Catherine de Médicis (et d’ Henri II) : François II, Charles IX et Henri III.
François II, pauvre petit chat

François II est né le 19 janvier 1544 et accède au trône en 1559 après la mort de son père Henri II. De santé fragile et jugé trop jeune lors de son accession au trône, François II bénéficie du soutien de la famille maternelle de sa femme, les De Guise. Il est un roi volontaire, malgré son âge il s’investit dans les affaires de l’Etat : il condamne la conjuration d’Amboise des insurrections en province auprès des De Guise, il participe à l’arrestation du prince de Condé, et sous son règne il va y avoir une tentative de réconciliation entre les catholiques et les protestants grâce avec l’appui de Michel de l’Hospital et de sa mère, Catherine de Médicis.
Néanmoins, toute politique entreprise possède ses revers. Les De Guise sont très impopulaires : très catholiques, comme nous l’avons dit, ils participent aux violentes répressions de la conjuration d’Amboise qui horrifie les protestants et leur influence sur le roi est très mal vue, notamment par les princes de sang. Le règne de François II est également un moment où de nombreux affrontements nobiliaires ont lieu (Bourbon, Montmorency, Navarre, Guise …). Au bout de dix sept mois de règne, François II meurt de douleurs à cause de sa santé trop fragile et sans descendant.
Charles IX, mieux que Taylor Swift

Charles IX est né le 27 juin 1551 et succède à son frère en 1560. Il n’a que 10 ans lorsqu’il est couronné et comme son frère il est de constitution fragile. D’ailleurs, il meurt assez vite, en 1574 à l’âge de 23 ans de suite de maladie.
C’est sous son règne que débute canoniquement les guerres de religions et qu’a lieu le massacre de la Sainte-Barthélémy. Cet événement entraîne une défiance envers le roi et sa mère : même si c’est l’événement n’est pas entièrement de leur faute, cela complique les relations avec évidemment les protestants mais aussi les catholiques. Malgré cet épisode, il arrive à faire élire son frère, futur Henri III, en tant que roi de Pologne. Il s’agit d’un véritable tour de force de la diplomatie française car la Pologne-Lituanie est un pays avec une forte minorité protestante où les différentes confessions cohabitent assez bien.
De positif de son règne nous pouvons retenir qu’il réussit à avoir des enfants et qu’il peut être considéré comme un bon fils à maman : il écoute sa mère sur la politique des monnayeurs.
Henri III, le chouchou des jouteuses

Henri III naquit le 19 septembre 1551 et devient roi de France en 1574. Il est le troisième fils vivant d’Henri II et Catherine de Médicis. Il jouait déjà un rôle important sur la scène politique avant même d’être couronné roi de France : il est nommé lieutenant-général du royaume à 16 ans et ressort victorieux des batailles de Jarnac et de Moncontour contre les protestants, et il arrive aussi à devenir roi de Pologne.
Henri III est connu pour s’entourer de jeunes conseillers sophistiqués, surnommés les mignons. Il accorde à ses proches des titres royaux et qui permet ainsi d’avoir un contrôle sur le patronage royal, garantissant également la captation efficace d’une clientèle liée à ses conseillers. Néanmoins ces mignons sont également très mal vu par les princes de Sang : Henri III fait preuve d’une trop grande complaisance à leur égard et son incapacité à arbitrer leurs querelles attisent les tensions, parfois jusqu’au bain de sang.
Malgré sa réputation d’être un roi qui s’amuse beaucoup et un début de règne difficile (mésentente avec les grands, mauvaise évaluation de la situation avec les protestants), Henri III travaille beaucoup : il va gérer la 6eme guerre civile et sous son règne plusieurs édits et traités vont être signés (Poitiers, Beaulieu, Paix de Monsieur,..). Néanmoins son règne subirait plusieurs ratés, notamment avec la journée des Barricades : Paris se soulève car les sujets ne reconnaissent pas Henri de Navarre, un protestant, comme successeur de Henri III au trône. Henri III s’enfuit et a interdiction de revenir de la capitale. De plus, la nomination d’Henri de Navarre découle également du fait que Henri III n’a pas réussi à avoir d’enfant, une épine pour son règne. Henri III fut finalement assassiné par dominicain ligueur, Jacques Clément, et finit par mourir 2 août 1589 après plusieurs jours d’agonie.
Pour en savoir plus sur le sujet de l’épisode, on vous conseille de lire :
- CRAWFORD, Katherine, Love, Sodomy, and Scandal: Controlling the Sexual Reputation of Henry III, in Journal of the History of Sexuality, Vol. 12, No. 4 (Oct. 2003), pp. 513-542
- Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu: la violence au temps des troubles de religion, vers 1525-vers 1610, 1990,
- DE CONIHOUT Isabelle (dir.), MAILLARD Jean-François (dir.) et POIRIER Guy (dir.) (préf. Marc Fumaroli), Henri III mécène des arts, des sciences et des lettres, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne (PUPS), 2006, 342 p.
- Jérémie Foa, Tous ceux qui tombent. Visages du massacre de la Saint-Barthélemy, éditions de la Découverte, 2022
- Jérémie Foa, Survivre. Une histoire des guerres de Religion, 2024
- FRAGONARD Marie-Madeleine, Stratégie de la diffamation et poétique du monstrueux : d’Aubigné et Henri III, in Henri III et son temps, édité par Robert Sauzet, Vrin, 1992, https://doi.org/10.4000/books.vrin.21334.
- KOSIOR Katarzyna. Henry Valois’s court and elective kingship in the Polish–Lithuanian Commonwealth, 1573–1574, in The Historical Journal 64, no. 4 (2021): 865–90. https://doi.org/10.1017/S0018246X20000618.
- LE ROUX Nicolas, Un régicide au nom de Dieu : l’assassinat d’Henri III : 1 er août 1589, Paris, Gallimard, coll. « Les journées qui ont fait la France », 2006, 451 p.
- Nicolas Le Roux, Portraits d’un royaume. Henri III, la noblesse et la Ligue, 2020,
- Henri III et son temps, dir. Robert Sauzet, Paris, 2022, en ligne https://books.openedition.org/vrin/21279?lang=fr,
- OGER-HAQUET, Isabelle. L’énigme Henri III : Ce que nous révèlent les images [en ligne]. Nanterre : Presses universitaires de Paris Nanterre, 2012 (généré le 30 mars 2024). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pupo/2370>. ISBN : 978-2-8218-5098-9. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pupo.2370.
- PERNOT, Michel, Henri III, le roi décrié. Éditions de Fallois, Paris, 2013.

Si cet épisode vous a intéressé vous pouvez aussi écouter :
- Épisode 43 – Amélie et les ambassadeurs au XVIème siècle
- Épisode 39 – Raphaël et les protestants en Alsace
- Épisode 29 – Gautier et la rumeur pendant les guerres de religions
Merci à Lisa Rasamy-Manantsoa pour la rédaction de l’article ci-dessus !